Remarque n Certains spécialistes n'ont pas hésité à critiquer ouvertement l'ONS sur les statistiques sur le chômage durant l'année 2009. Les deux experts Abderrahmane Mebtoul et Nacer Djabi estiment que le taux annoncé au début de l'année en cours par l'ONS, concernant le chômage et le travail dans notre pays, sont loin d'être réels. M. Mebtoul, économiste, a affirmé que 10,2% est un taux qui ne répond pas du tout à la réalité et qu'il s'agit d'un chiffre «inventé». Selon lui, l'Etat ne dispose d'aucune politique salariale pouvant assurer une baisse réelle du taux de chômage. Il a ajouté que le procédé par lequel l'ONS a récolté les données auprès de 15 000 familles qui forment l'échantillon de l'enquête n'est pas fiable. Car le choix de cet échantillon est loin d'être représentatif et objectif. M. Mebtoul estime que les chiffres sur le chômage sont liés aux chiffres de croissance économique du pays. D'après lui, les analystes qui se penchent sur la croissance et le développement économiques sont unanimes sur le fait que le taux de croissance réalisé par des entreprises créatrices de richesses activant en dehors des hydrocarbures, ne dépassait pas 2% durant les cinq dernières années. Puisqu'on a enregistré une baisse de 40% des exportations en dehors des hydrocarbures. Selon lui, ces entreprises sont les créatrices de véritables postes d'emploi et ce sont elles qui peuvent vraiment faire baisser le taux de chômage. Il juge qu'il est impossible avec le faible taux de croissance de ramener le taux de chômage à 10,2%. De son côté, le sociologue Nacer Djabi trouve que les statistiques avancées concernant le taux de chômage ne sont pas crédibles. Il estime que les organismes chargés de faire des statistiques ne sont pas encore adaptés aux mutations qu'a connues l'Algérie ces dernières années. A titre illustratif, il donne l'exemple des inspections du travail qui n'arrivent pas à maîtriser et contrôler les dossiers des travailleurs dans le secteur privé qui compte un nombre important de travailleurs dans le marché de travail parallèle, c'est-à-dire qui ne sont pas déclarés à la sécurité sociale. En outre, l'Union générale des travailleurs algériens ne s'est pas ancrée dans les entreprises privées et sa représentation reste presque limitée au niveau de secteur public. Ce qui rend difficile une bonne récolte des données et leur traitement. Pour cela il estime que la baisse de taux de chômage de 27% en 2001 à 10,2% en 2009 si le chiffre est réellement crédible pourrait être considérée comme étant un miracle. Cependant, il s'interroge, lui aussi : qu'est-ce qui a été réalisé entre les deux périodes pour que le taux de chômage baisse ainsi ? Hormis l'investissement dans le secteur de l'énergie et des hydrocarbures, dont on connaît les limites quant à la création des postes de travail, l'Algérie n'a pas enregistré vraiment de grands investissements pouvant absorber le taux de chômage et le ramener à 10,2%.