Bien qu'il paraisse énorme, ce chiffre constitue un taux acceptable pour les pays dits émergents. Les chiffres du chômage ont baissé, encore une fois, en l'espace de quelques jours. spectaculaire, miraculeux, peut-être même fabuleux pour une économie mono-exportatrice (dépendance totale par rapport aux hydrocarbures) qui ne cesse d'être décriée pour son absence de perspectives de diversification. Il ne faut, cependant, pas aller trop vite en besogne car ces chiffres ne viennent tout de même pas de nulle part. Selon Mustapha Belaïdi, spécialiste en ressources humaines, invité hier matin de la Chaîne III, le chiffre du chômage aurait été ramené à 12,3%, ce qui représente 1.240.800 personnes en quête d'un emploi. Ce spécialiste invite, cependant, les pouvoirs publics à ne pas faire «dans l'optimisme excessif concernant la réduction du chômage à un tel taux». Selon lui, les chiffres donnés ultérieurement peuvent être erronés. Il faut, souligne-t-il, distinguer «entre une personne qui est en âge de travailler et celle qui cherche du travail». Les critères sur lesquels repose cette étude répondent à ceux pris en considération par le Bureau international du travail (BIT). L'enquête repose sur un échantillon de 14.921 ménages répartis à travers tout le territoire national. A travers cette étude, il apparaît que la tranche d'âge, des moins de trente ans, serait celle touchée de plein fouet par ce phénomène, et même s'il a baissé, il atteindrait 70% des chômeurs, alors qu'il était de 75% en 2005 et 73% en 2004. Les femmes représentent, quant à elles, 20,4% de l'ensemble de la population demandeuse d'emploi. Il y quelques jours de cela, M.Saïd Anane, directeur au ministère de l'Emploi et de la Solidarité avait annoncé le chiffre de 13,4%. Cet écart d'un point par rapport au chiffre de l'ONS, interprété en nombre d'individus est loin d'être négligeable. Qui dit vrai? Qui est le plus proche de la réalité? Le ministère de l'Emploi ou bien l'ONS? L'absence de statistiques fiables jette le doute et la suspicion sur la crédibilité d'une enquête, dont les chiffres poussent à la contradiction et au paradoxe. Contradiction, car les chiffres avancés sont contradictoires. Paradoxe, parce que la réalité est certainement tout autre. Le taux du chômage estimé, fin des années 90 à 30% a été diminué de moitié et de façon spectaculaire pour retomber à 15,3% en 2005. Selon l'invité de la Chaîne III, les «salariés» du secteur informel auraient été pris en compte pour les besoins de cette enquête et leur taux varierait entre 30 et 35%. Bien qu'il paraisse énorme, il paraît qu'il constitue un taux acceptable pour les pays dits émergents et serait même avalisé par le BIT. M.Belaïdi n'a pas omis de signaler que même les pays développés, 5 à 8% des travailleurs du secteur informel sont intégrés dans les statistiques concernant l'évolution du marché du travail. Officiellement, le secteur informel dans les pays développés s'apparente surtout au travail au noir. C'est-à-dire à ce qui est illégal et enfreint la législation du travail, ce qui est combattu avec toute la rigueur des textes de lois régissant les relations de travail. M.Belaïdi a, toutefois, imputé cette situation exceptionnelle aux mégaprojets portés par le plan de relance économique que représente les secteurs du bâtiment et des travaux publics qui ont certainement permis de résorber en partie le taux de chômage. La relance économique qui n'a pas encore produit ses effets, l'absence réelle et lisible d'un marché de l'emploi régulant l'offre et la demande ainsi que des entreprises du secteur dit productif tendant plutôt à fermer leurs portes qu'à les ouvrir, laissant augurer une amplification du chômage.