Grogne dans les transports Les Fédérations des transporteurs de voyageurs, des chauffeurs de taxi et des auto-écoles figurent parmi les premiers à ouvrir le bal des protestations en 2011. Insatisfaits des résultats de la réunion tenue avec les représentants du ministère des Transports, suite à laquelle aucun PV n'a été dressé, les représentants des fédérations menacent de recourir à des mouvements de grève si leur plateforme de revendications n'est pas prise en considération. A ce titre, le président de la Fédération nationale des chauffeurs de taxi affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hocine Aït Braham, affirme : «Le Conseil national de l'UGCAA se tiendra le 27 janvier afin de déterminer les revendications dont la promulgation du statut du chauffeur de taxi, l'association des représentants de la corporation dans l'élaboration des cahiers des charges en cours de préparation par la tutelle et l'effacement des dettes de 1992 jusqu'en 2003, période du terrorisme.» De son côté, le président de la Fédération nationale des auto-écoles, Ahmed Zinedine Aoudia, dénonce l'anarchie qui règne dans ce secteur. Il insiste sur la nécessité de régler le problème des «circuits d'apprentissage et d'examen non conformes à ceux qui existent et la formation des examinateurs». Lesdites fédérations ne sont donc pas prêtes à se contenter des réunions stériles, mais exigent «un dialogue et des décisions concrètes pour mettre de l'ordre dans les trois secteurs».
Des salaires à la hausse ? Les salaires de la police vont être doublés à partir de ce mois avec effet rétroactif depuis janvier 2008. Même si le seuil de majoration n'est pas déterminé, le personnel de la santé attend aussi une augmentation à la fin du premier trimestre 2011. Selon les conventions collectives de branche toujours en négociations, le secteur des médias, publics et privés, est également concerné par une revalorisation des salaires. Reste à définir les modalités et le niveau des augmentations. Les autres travailleurs seront durant cette année à l'écoute de la tripartite, appelés à finaliser trois importants dossiers, à savoir les allocations familiales, la retraite et les mutuelles. On saura ainsi si le gouvernement se désengagera dans le paiement des allocations familiales.
Des promesses d'émeutes ! Si la fin 2010 a été clôturée par une déflagration de révoltes sociales, 2011 ne risque pas de s'en démarquer. Les jets de pierres, les pneus brûlés, les routes barrées et les cris de colère scandés à l'unisson dans la rue deviennent un moyen de contestation inéluctable pour les non-logés, les mal logés, les petites bourses qui se sentent marginalisées par cette Algérie, pourtant riche. Le tout petit dérèglement est à présent prétexte à se révolter. Il y a quelques jours, des émeutes ont explosé à Fouka et Staouéli à cause des prix du sucre et de l'huile en hausse. Hier encore, Bab El Oued et bien certains quartiers de la capitale et d'autres régions du pays s'enflammaient de la colère citoyenne. Flambée des prix des produits alimentaires, chômage, et surtout crise du logement lancinent de plus en plus les Algériens. Le gouvernement trouvera probablement un moyen d'apaiser la crise de la flambé des prix, mais restera l'inextricable question du logement. Le mot d'ordre du Président a été clair : éradiquer les 553 000 bidonvilles dispersés dans les 48 wilayas du pays. Les autorités s'y attellent, mais sans ouvrir la voie au relogement. Entre temps, les listes des logements sociaux se font et se défont, des habitations sont attribuées de façon souvent contestée. Malgré des promesses de livraison qui s'étoffent, la situation reste la même. Dernière promesse en date ? 400 000 logements à réceptionner en 2011 pour reloger les habitants de bidonvilles. Pas de chiffres sur les prochaines émeutes, mais peut-être autant que ces promesses…
Agitateurs Ahmed Khaled, président de l'Union nationale des associations des parents d'élèves, à qui revient le mérite d'avoir attiré l'attention du ministère de l'Education nationale sur la baisse du niveau, s'imposera pour être partie prenante dans l'enquête diligentée par le ministère dans 14 wilayas. Autre personnalité à suivre : Mourad Fartaki, coordinateur de la Coordination nationale des adjoints d'éducation qui tiendra bientôt une assemblée générale. La corporation observera des sit-in et entamera une grève nationale ouverte si le ministère ne prend pas en considérations ses revendications. Smaïn Kouadria, secrétaire général du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal de Annaba, prépare de son côté un dossier-bilan des dix dernières années du partenariat. Ce dernier sera présenté aux parties concernées à la veille des négociations de partenariat entre l'Etat algérien et le groupe. Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur, pourrait aussi figurer parmi les politiques qui vont compter en 2011 puisqu'il aurait décidé de créer deux commissions pour réformer l'université : une s'occupera des questions pédagogiques, l'autre de la post-graduation et de la recherche.
Santé : 2011 promet d'être agitée C'est une première en Algérie : cinq hélicoptères et trois avions hyper-médicalisés seront réquisitionnés pour le transport des malades chroniques depuis les wilayas éloignées vers les centres de soins de la capitale, de Constantine et d'Oran. En dépit de sa bonne volonté, Djamel Ould Abbès aura du pain sur la planche du côté des partenaires sociaux. Après une longue accalmie, le ministre de la Santé affrontera les syndicats en colère de son secteur. A commencer par les sages-femmes. Selon leurs dires, elles procéderont à une «césarienne» pour faire accoucher leur statut particulier qui n'arrive toujours pas à voir le jour. Elles n'écartent également pas la possibilité d'aller vers une grève, si le dossier reste bloqué. Ça grogne également du côté des praticiens de la santé publique. Leur syndicat (SNPSP) favorable aux négociations en 2010, même parfois stériles, se dit capable de se balancer vers des actions de protestation cette année. Le docteur Lyes Merabet, porte-parole du syndicat, ne veut plus patienter et affirme que les augmentations promises pour ce mois n'ont pas encore été versées et qu'aucune autre revendication n'a été satisfaite à ce jour. Le syndicat tiendra son conseil national avant fin janvier, au cours de laquelle des décisions seront prises.
Les communaux menacent Le personnel des administrations communales risque de paralyser le secteur des communes la fin du premier trimestre. La dernière réunion du Conseil national des communaux qui se tiendra fin février aura, selon son secrétaire général, Ali Yahia, pour priorité la réouverture du dossier des revendications réclamées l'an dernier, jusque-là non satisfaites. Les principaux desiderata du Conseil national s'articulent autour de la défense des libertés syndicales, du droit à la grève, de la promulgation du projet de statut particulier des communaux par la révision de la classification catégorielle et celle du régime indemnitaire. A cela s'ajoutent le maintien de la retraite sans condition d'âge et l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11.