Après trois nuits d'émeutes qui ont embrasé plusieurs quartiers d'Alger, les Algérois se réveillent ce matin en état de choc. Les dégâts occasionnés par les affrontements entre forces de l'ordre et jeunes en furie ont planté un décor de guerre dans plusieurs quartiers de la capitale. Des magasins dévalisés, des banques attaquées, des usines saccagées, des biens publics ravagés, l'ampleur de ces émeutes a dépassé toutes les limites de l'imagination. Et pour la troisième nuit consécutive, Alger et sa banlieue a vécu une nuit de terreur. Vendredi soir, le feu de la révolte a encore une fois enflammé les quartiers populaires de la capitale à l'image de Bordj El Kiffan, Bordj El-Bahri, El Hamiz, Belouizdad et d'autres agglomérations où les pneus brûlés et les barricades dressées sur les routes ont semé la panique au sein de toutes les familles. Et au moment où les violences ont commencé à faiblir au niveau de Bab El-Oued, c'est toute la banlieue ouest de la capitale qui s'est enflammée. En effet, vendredi soir, les affrontements entre les forces anti-émeutes et les émeutiers dont duré jusqu'à 22 h à Bordj El-Kiffan, Bordj El-Bahri et El-Hamiz. A Baraki et Bachdjerrah, des accrochages ont été également signalés dans plusieurs quartiers. Il faut dire que dans ses deux communes, un véritable climat de guerre est en train d'étouffer la population. Jeudi soir, une usine du fabricant «Continental» située à Baraki a été attaquée et cambriolée par des centaines des jeunes révoltés qui ont mobilisé carrément des véhicules pour emporter avec eux tout le matériel électroménager assemblé dans cette usine. Les forces de l'ordre ont éprouvé toute la peine du monde à protéger cette usine qui a subi des dizaines d'attaques durant toute la nuit et la journée du jeudi. Par ailleurs, pas moins de 150 jeunes émeutiers ont été arrêtés à Baraki, confient des sources sécuritaires. Des sources locales nous ont même signalées qu'une l'unité de transformation de l'AGENOR à Baraki a subi elle aussi de nombreux assauts. Le même sort aurait été réservé aussi à une annexe de la banque BEA. Si toutes ces informations doivent être prises au conditionnel en attendant qu'elles soient confirmées, il n'en demeure pas moins que la population de Baraki, El Harrach, Bachdjerrah et Bourouba, a constaté à son détriment de nombreux dérapages dans les protestations populaires. L'éclairage public a été entièrement détruit et des lotissements entiers vivent au rythme des coupures de l'électricité occasionnés part des acte de sabotage perpétrés par des émeutiers sur des installations de la Sonelgaz. Alger est loin d'être la seule touchée par ces énièmes protestations populaires et leur lot de dérapages. Vendredi soir, des groupes de jeunes ont affronté avec des pierres et des bouteilles en verre des policiers déployés en masse et lourdement armés dans plusieurs villes du pays. A Annaba, les incidents qui ont commencé vendredi vers 15H00 (14H00 GMT) quand des centaines de jeunes se sont mis à lancer une pluie de pierres contre des policiers déployés depuis la veille, notamment autour des bureaux de la wilaya, ont perduré jusqu'au bout de la nuit. Le même constat amer a été établi pour d'autres grandes villes à l'image de Constantine, Oran, Tebéssa, Blida et Chlef. Si pour l'heure aucun bilan n'a été encore établi concernant les dégâts et les pertes, humaines et matérielles, à déplorer, ces émeutes auront d'ores et déjà réussi à dénuder les incuries du gouvernement qui se retrouve aujourd'hui acculé à trouver une solution immédiate à la crise au cours du conseil de ministre qui se tiendra dans les heures à venir. Et il n'y a pas que les Algériens qui attendent un véritable sursaut d'honneur de la part de leurs autorités car même la communauté internationale accentue ses moyens de pression sur les élites au pouvoir à Alger. Preuve en est, pas plus tard que vendredi, le porte-parole du département d'Etat américain, Philip Crowley, a confié que Washington «surveille de près la situation en Algérie» et fait ouvertement remarquer que le gouvernement Algérien n'a pas su comment «bien gérer cette crise»….