Alors que le calme est revenu graduellement dans la région ouest, des dizaines d'émeutiers présumés ont été présentés devant le procureur de la République. Hier à Oran, plus de 50 personnes des quartiers Petit Lac et El Hamri, accusées de troubles à l'ordre public, étaient concernées et la présentation devait se poursuivre jusqu'à une heure tardive, apprend-on. La veille, 7 personnes, accusées également d'avoir participé au saccage de la CNEP de Petit Lac, ont été mises sous mandat de dépôt alors qu'un mineur a été relâché. A Es Senia, 14 personnes ont été placées sous mandat de dépôt sur 24 présentations, les mineurs ayant été relâchés. Par ailleurs, 27 blessés sont signalés parmi les forces de l'ordre. A Tlemcen, alors que les affrontements ont fait 7 blessées dont 4 policiers, 80 émeutiers ont été arrêtés et déférés à la justice. Les proches des détenus, craignant des condamnations, ont opté, dimanche, pour un sit-in pacifique en face du tribunal. Les hostilités avaient surgi des quartiers défavorisés, d'abord, comme Haï Ezzitoun, Koudia, R'hiba, puis la protesta a gagné les autres agglomérations. Les jeunes, dont la plupart ignoraient les prix du sucre et de l'huile, qu'ils soient des cités marginalisées ou favorisées, s'étaient départis de leur statut pour se joindre aux revendications communes en entonnant des slogans significatifs. Quatorze des 26 personnes présentées dimanche soir devant le juge d'instruction près le tribunal de Tiaret ont été écrouées, 11 autres mises sous contrôle judiciaire et un mineur relaxé. D'autres comparutions devaient avoir lieu, a fait savoir le chargé de la communication au parquet de la même juridiction, et d'autres encore au niveau des tribunaux de Sougueur et Tissemsilt. Pour les dégâts générés par cette révolte, ce sont les secteurs de l'éducation, de la poste, de l'université, les sièges de la SNTA et de Sonelgaz qui ont fait les frais des mécontents. Au niveau de l'académie, son responsable parle de «17 établissements touchés», soit 10 lycées, 5 collèges et 2 écoles primaires. Notre interlocuteur évoque «le vol et/ou la destruction» de dizaines de micro-ordinateurs sans compter les dégâts sur les boiseries, les vitrages et le matériel de bureau. Les mêmes pertes ont été enregistrées par l'université Abderahmane Ibn Khaldoun. A Témouchent, la poste déplore la perte de 19 millions de centimes ainsi que des micro-ordinateurs. Pis, toutes les archives de la poste, dont les pièces comptables, ont été brûlées. Le distributeur automatique situé à l'extérieur a été détruit. Les attaques ont également ciblé le commissariat, à l'ouest de la ville. Neuf policiers et 3 manifestants ont été blessés et 4 émeutiers ont été arrêtés. Au chef-lieu de wilaya de Mascara, le nombre de jeunes arrêtés lors d'une vaste opération d'interpellation menée par des policiers dans les quartiers populaires, à savoir Bab Ali, cité des 936 Logements et Zone huit, avoisine la cinquantaine. «Une vingtaine de jeunes émeutiers ont été présentés, ces deux derniers jours, devant le parquet de Mascara», nous confie une source proche du dossier. Et d'ajouter qu'«une dizaine de jeunes sont en instance de procédure judiciaire dans les locaux du commissariat. Ils seront présentés devant le parquet dans les heures à venir». A Béchar, le procureur de la République a ordonné la mise sous mandat de dépôt de 15 émeutiers ce dimanche. En effet, les services de la sûreté de wilaya ont procédé à la présentation de 29 jeunes manifestants, dont 5 mineurs. La contestation a touché également la ville d'Adrar, même si on ne déplore aucun dégât, mais 2 policiers ont été légèrement blessés. Dimanche soir, vers 20h, un groupe de contestataires s'est distingué au carrefour situé au centre-ville, entre le quartier Hattaba et la cité des Logements. Cette manifestation a drainé une soixantaine de jeunes, scindés en plusieurs groupes, qui ont scandé des slogans hostiles au pouvoir, relatifs à la mal vie et à la dégradation du pouvoir d'achat. Ces derniers ont brûlé des pneus sur la voie et cassé quelques lampes d'éclairage public. La manifestation a été vite maîtrisée.