Photo : La Tribune De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Depuis deux jours, Oran vit une ambiance particulière, faite de violences et d'affrontements entre les forces de l'ordre et des dizaines d'émeutiers, ce qui a installé une peur panique chez les habitants. Alors que les Oranais s'attardaient hier matin devant les stigmates des événements de lundi (devantures de magasins brisées, poteaux électriques arrachés, cabines téléphoniques détruites…), les violences ont repris aux environs de 10 heures du matin dans divers quartiers de la ville (Plateau St-Michel, M'dina Jdida, El Hamri, les Amandiers…) empêchant toute activité normale : les commerçants ont baissé leurs rideaux, les établissements publics fermé les portes et tous les moyens de transport ont été paralysés. Par mesure de sécurité, les élèves de sixième année qui passaient leur examen ont été retenus dans les classes et gardés par des surveillants très inquiets par la tournure prise par les événements. Les rues Larbi Ben M'hidi, Mohamed Khemisti, Mostaganem, Emir Abdelkader… ont été le théâtre de manœuvres dangereuses de conducteurs affolés, pressés de quitter l'inquiétant centre-ville et de regagner la sécurité de leur foyer : «Cela se passe à Plateau… Ils sont en train de casser à St-Pierre… Ils jettent des pierres à la place d'Armes… Il y a des morts…», entendait-on un peu partout. La peur était à son comble et les rumeurs allaient bon train, allant même jusqu'à saturer les réseaux téléphoniques. A Maraval, à El Hamri comme à la place des Victoires, Petit Lac et Cité Petit, des affrontements étaient enregistrés entre les forces de l'ordre et des centaines de jeunes survoltés. Les brigades antiémeute, dépêchées sur les lieux dès lundi, ont dû recourir aux bombes lacrymogènes pour tenter de disperser les émeutiers. Ce qui n'a pas empêché ces derniers de continuer à jeter des pierres et à tout casser sur leur passage. Les premiers bilans établis pour ces deux jours font état de la destruction de l'Agerian Gulf Bank, située près de l'avenue de Sidi Chami, de la toute nouvelle agence de la Société générale située dans le quartier Maraval, de l'agence CNEP de la Cité Lescure, de la CNEP IMMO de Petit Lac et du secteur urbain d'El Hamri dont la façade a été incendiée. Le siège du journal l'Echo d'Oran, dont le directeur général n'est autre que le président du MCO, Youcef Djebbari, a également reçu la visite de dizaines de jeunes qui ont détruit toute la façade et qui, sans l'intervention des forces de l'ordre, auraient investi les bureaux. En tout, une quarantaine de policiers ont été blessés dans les divers affrontements, près de 50 émeutiers arrêtés et 130 véhicules détruits. Et les bilans tendent à s'alourdir.