Mustapha Benbada, le ministre du Commerce, l'a promis : à la fin de cette semaine, le prix du sucre sera ramené à 90 DA le kilogramme, et celui de 5 litres d'huile à 600 DA. Cette baisse est la conséquence immédiate des décisions prises par le gouvernement, à savoir la suspension et l'exonération des droits de douane, de taxes et d'impôts représentant un total de charge fiscale de 41%. Mais cela n'est valable que durant les 8 prochains mois car les mesures annoncées par le gouvernement ne seront valables que jusqu'au 31 août 2011. A partir de cette date, rien ne dit que les prix ne flamberont pas une nouvelle fois. Pour deux raisons : l'évolution de ces produits de base sur le marché mondial, ensuite l'application des mesures prises dernièrement par l'Exécutif pour lutter contre l'informel. Ces mesures qui devraient entrer en vigueur le 31 mars prochain obligent les grossistes et transformateurs d'effectuer leurs achats qui dépasseraient les 500 000 DA par chèque. Il leur est également exigé de présenter leurs demandes accompagnées de facturiers et de comptes sociaux. Des mesures jugées être à l'origine de la détérioration du pouvoir d'achat et des émeutes que connaît l'Algérie ces derniers jours. Sauf si le gouvernement a décidé de faire machine arrière, en renonçant à la lutte contre l'informel, en retirant ainsi toutes les décisions prises dans ce sens, l'on retombera, à coup sûr à la fin août dans les mêmes problèmes : flambée des prix du sucre et de l'huile, pour ne parler que de ces deux produits. Et c'est là qu'apparaît le caractère aléatoire des fausses réponses apportées par le gouvernement à la violente contestation populaire. Le ministre du Commerce le sait très bien, c'est pourquoi il se montre rassurant en donnant d'autres gages. Il a affirmé avant-hier que l'Etat «disposait des moyens financiers pour intervenir dès qu'il s'agit de la protection des consommateurs d'une flambée exceptionnelle des prix». Mais pas seulement. L'Etat était, selon Benbada, même prêt «à affronter en toute sécurité une éventuelle crise alimentaire mondiale». Quelle prouesse ! Le ministre pense certainement au matelas de devises généré par la seule rente pétrolière. Autrement dit, sans cette manne providentielle le peuple mourra de faim. D'où cette conclusion ahurissante : comment a-t-on fait pour aboutir, après autant de dépenses, autant de plans de relance économique, à un résultat si chaotique et si honteux ? Il est faux de penser que les jeunes qui se sont soulevés, l'ont fait rien que parce que les prix du sucre et de l'huile ont flambé. Ce n'était, en fait que la goutte qui a fait déborder le vase. Un prétexte pour exprimer un malaise généralisé produit par l'échec de toutes les politiques poursuivies jusque-là. Mais un échec que l'Exécutif refuse d'assumer ou feint d'ignorer tant l'argent du pétrole est là pour endiguer les mouvements sociaux. Une aisance financière qui, toutefois, cache mal l'étendue du désastre, mais qui sert de soupape à une équipe dirigeante largement contestée.