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«Quelque chose de traumatisant s'est passé»
Nacéra Sadou. Psychologue clinicienne
Publié dans El Watan le 12 - 01 - 2011

Nacéra Sadou est psychologue clinicienne. Elle est consultante à la Société algérienne de recherche en psychologie (SARP). Cette association regroupe des chercheurs de l'université et des psychologues et prend en charge les familles victimes de violence. Nacéra Sadou a vu beaucoup de jeunes dans le cadre de son travail. Certains, sous l'effet de psychotropes, cherchent à s'en sortir et consultent. D'autres sont amenés par leur famille. Elle donne son analyse de la situation.
- Quelle lecture peut-on donner au fait que des lycées, des CEM mais aussi des banques et autres entreprises, symboles de consommation, aient été ciblés par les émeutiers ?
C'est l'inaccessible. L'émeutier n'arrive pas à penser. Il casse, il prend un ordinateur, un téléviseur. Il pense vraiment avoir besoin de cet objet et pouvoir le revendre. Il se dit : «Ils n'ont que ce qu'ils méritent ; ils sont riches. C'est mon droit.» Pour lui, c'est sa «part de pétrole». Combien de personnes n'avons-nous pas entendu dire lorsqu'il ne paie pas sont ticket de bus : «C'est ma part de pétrole.» La mesure n'est, certes, pas la même, cependant elle relève du même processus. C'est vrai qu'ils ne sont pas partis organisés, mais ce n'est pas le fait du hasard. Il y a visiblement de l'histoire avec les écoles touchées.
- Les émeutiers sont accusés d'être des toxicomanes et des voyous. Pourquoi le mouvement vient-il d'eux ?
Ils forment un symptôme. Pourquoi c'est eux qui parlent ? Parce que la population n'arrive pas à dire les choses. Déjà, l'adolescent a une grande capacité à passer à l'acte. Il ne peut pas penser qu'il peut trouver une solution ailleurs. Et les solutions dans l'institution ne sont pas à portée de main. Nous avons tous une part de violence en nous et souvent on répond à la violence par la violence. Parfois, l'entourage pousse à n'utiliser que cette part de nous-mêmes. C'est aussi une façon de se protéger. J'ai eu dans ma profession à rencontrer des jeunes qui étaient toujours dans le passage à l'acte. «Je ne veux plus me droguer, je ne veux plus taper mes sœurs. Je ne veux plus faire ça», me disent-ils. Mais que puis-je faire pour eux. Il n'existe pas de programme de réinsertion à la mesure de ces détresses. Il faut savoir que les jeunes représentent la part la plus fragile de la société. Les adultes n'ont pas pris la parole lors des dernières inflations. Ça n'a pas été pensé.

- Justement, qui aurait dû prendre la parole ?
Les philosophes, les sociologues, les psychologues, les gens de la loi, les chercheurs… Ce sont eux qui doivent parler. Les sciences humaines sont très mal considérées en Algérie, car elles représentent une menace. Elles peuvent apporter des changements réels et logiques. Les gens qui pensent sont marginalisés. Ces jeunes, parce qu'ils n'arrivent pas à formuler une insulte, ils frappent.

- Comment ces jeunes en sont-ils arrivés là ?
Il est normal que l'enfant rejette l'autorité parentale surtout à l'adolescence, mais il doit la trouver ailleurs. A l'école, auprès d'un enseignant, un chanteur, un modèle. Il doit trouver à l'extérieur une relation suffisamment aimante et autoritaire. La mosquée marche bien et récupère souvent ces jeunes, mais parfois c'est trop «surmoïque». Les enseignants ont parfois jusqu'à 40 élèves. Ils reçoivent directement la violence de la rue, du coup, l'enseignant la reproduit et il exclut. Il faut savoir que ces jeunes ne pensent pas. Ils sont dans le mouvement. C'est de la colère, rien n'est programmé. N'importe quoi peut l'arrêter, n'importe quoi peut déclencher une émeute. Cela fait déjà une année que je suis inquiète.
- C'est-à-dire ?
Déjà lors des matches de football face à l'Egypte, j'ai eu peur de voir avec quelle facilité on passe à la violence. On a vu en l'Egyptien l'ennemi juré. Et l'euphorie ! L'euphorie des Algériens lorsqu'ils ont gagné le match. Cela me pousse à dire que l'Algérie n'a pas fait le deuil. Le deuil du terrorisme. On a tourné la page, comme si rien ne s'était passé. On se pardonne, on s'embrasse et tout est oublié. Mais non. La transmission du non-dit se fait dans le passage à l'acte, dans la répétition. Quelque chose de traumatisant s'est passé et si les journaux, le théâtre, le cinéma, la littérature ne le reprennent pas, la reproduction est inévitable.


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