Cette année, hormis le changement de terminologie introduit par le ministère et adopté par la DSA, la campagne labours semailles 2005/2006 se présente lestée des mêmes handicaps que lors des années passées. Ainsi, question jargon administratif, il n'est plus question de prévisions mais d'intentions d'emblavement, ce qui met en conformité le langage usité avec les nouvelles réalités du secteur et désengage en partie les pouvoirs publics du prolongement des choix et pratiques culturales des acteurs de la filière. Mais qu'en est-il exactement sur le terrain ? Sur une superficie agricole utile (SAU) de 180 184 ha dont 135 000 consacrés aux grandes cultures, les céréales devraient occuper 96 800 ha, ce qui la maintient au rang de principale spéculation dans une région où les zones reconnues à forte potentialité céréalière ne totalisent que 37 800 ha. La première entrave que subit le secteur est là, sachant que le soutien financier de l'Etat ne profite qu'à ces zones et à elles seules. Par ailleurs, sur les superficies devant être emblavées, il est estimé que les orges (38 200 ha) et le blé dur (37 800 ha) vont occuper 39% chacun contre 18% pour le blé tendre (17 300 ha) alors que l'avoine (3500 ha) tiendra sur 4%. Cependant, l'analyse des emblavements sur les trois dernières années laisse apparaître une légère régression des blés et une tout aussi légère augmentation au profit de l'orge. En effet, la région étant pastorale, la demande et le coût de cette céréale utilisée comme aliment bétail, ont augmenté de pair. Il apparaît également que bien qu'encore dominante, la céréaliculture perd insensiblement d'année en année du terrain du fait des reconversions de culture. Au début, cela a été essentiellement au profit de la viticulture puis plus généralement au bénéfice de l'arboriculture, la viniviticulture commençant à marquer le pas à cause des revers d'une fulgurante et irréfléchie relance. Pour ce qui est des livraisons de semences, la DSA enregistre une sérieuse disproportion entre les besoins et la demande exprimée, une demande qui est allée diminuant d'année en année. Si en 2004/2005, seulement 21 170 quintaux de semences ont été enlevés, à ce jour il n'y a eu que 2 956 quintaux contre 5 087 à la même époque. Pour ce qui est des engrais, il n'y a eu nul enlèvement de TSP ou d'urée alors qu'à la même période 38,5 quintaux avaient été livrés aux agriculteurs. Les services agricoles indiquent également que la superficie labourée au 6 novembre est de 65 000 ha, soit 67% de la superficie emblavée. Cette lenteur dans la préparation du sol et l'ensemencement est imputée à l'absence de pluie en août et en septembre ainsi qu'aux faibles précipitations enregistrées en octobre. Ils relèvent, en outre, que sur les 52 000 ha de labours sur chaumes, l'ont était à 90% au moyen du cower crop, un matériel aratoire particulièrement non indiqué en zone semi aride comme le Témouchentois. En effet, ce mode de labours est choisi parce que revenant à moindre coût, mais ne labourant que superficiellement le sol, il ne favorise pas l'emmagasinement de l'eau nécessaire aux plants. De la sorte, la céréaliculture va encore souffrir cette année, d'une part, d'une rentabilité insignifiante à l'hectare sans que la sécheresse en soit la cause première puisqu'il n'est pas dit qu'elle sévira et, d'autre part, par absence de valorisation.