Les partis sont majoritairement partants -parfois à contrecoeur- pour une campagne de sensibilisation. L'option de révision constitutionnelle est en train de recueillir l'assentiment de la classe politique. Il est vrai que le FLN en est l'auteur et que, disposant de la majorité dans les assemblées élues, il était en droit de prendre des initiatives, initiatives qui ont buté sur des réticences. L'un des trois partis de l'Alliance, en l'occurrence le RND, a exprimé son net refus à prendre part à cette démarche qui, visiblement, n'a pas fait l'objet de discussion préalable. Elle répond à une autre démarche qui consistait à organiser des élections partielles en Kabylie, sans concertation au sein de l'Alliance. Le FLN a suivi à contrecoeur mais a raflé la mise. Le MSP, qui a gardé le silence pendant la période des coups mouchetés, se dit désormais partant pour la révision constitutionnelle, sans toutefois montrer du doigt les éléments d'amendement qui attirent son attention. El Islah, par contre, a nettement clarifié sa position, en allant très loin dans son analyse des anomalies de l'actuel texte. Il rejoint le FLN dans son constat et ses propositions. Tous deux sont partants pour un régime présidentiel avec les nuances qui caractérisent chacun. Tous deux sont favorables au régime présidentiel avec un contrôle parlementaire indispensable. Le PT ne se prononce pas. Idem pour le FNA. Le FLN a fait cavalier seul au départ. Confiant de son étoile ou des assurances, il a constitué une commission. La commission a travaillé et a donné un texte qui sera présenté au président de la République. C'est dire que le FLN n'a pas attendu les autorisations de ses partenaires de l'Alliance pour réfléchir sur les amendements à apporter au texte de la Constitution. Il a agi en parti de la majorité. Maintenant qu'il dirige le gouvernement, il peut suggérer à son tour des dates. Lors du premier point de presse qui a suivi sa nomination à la tête de l'Exécutif, Belkhadem a avancé des dates pour l'organisation du référendum. Il se tiendrait juste après le Ramadan. Reste le contenu. Selon les grandes lignes présentées par Belkhadem, le jour de la remise du projet par la commission du parti, la révision prévoit une clarification des prérogatives des institutions, tout en consacrant un régime présidentiel avec, éventuellement, un ou deux vice-présidents, ainsi qu'un contrôle parlementaire rigoureux de l'Exécutif qui sera géré par un coordinateur ou premier ministre. L'option révision a pris la ligne droite. Ce qui était au départ une initiative partisane devient une procédure étatique dès que le président de la République l'aura annoncée d'une manière solennelle. Mais l'énigme du RND restera entière. Ouyahia l'a dit le week-end dernier. Il maintient sa position contre l'amendement. Est-ce simple obstination ou de positionnement politique constant? Qu'en sera-t-il quand le président aura annoncé le référendum? Tout le monde se rangera sur l'option que choisira le président, avec les conséquences inévitables au sein des partis qui se sont opposés à la révision. Le RND ne compte pas verser dans l'opposition. En même temps, il ne compte pas s'investir dans l'option révision. La campagne de sensibilisation pour le référendum sera le prélude d'une campagne électorale des législatives qui suivront dans quelques mois. Elle sera annonciatrice des capacités de mobilisation des partis. Or si le RND décide de boycotter le référendum, il perdra ses heures d'antenne dans les médias lourds et, par conséquent, aura perdu la longueur d'avance de précampagne. Il se rangera dès lors dans la case opposition même s'il s'obstine à rester dans la périphérie du pouvoir qui l'a enfanté.