Plus d'une décennie d'insécurité totale, ayant contraint plus de 11 000 familles dans la wilaya de Aïn Defla à l'exode, auront eu raison des quelques programmes de logements destinés à atténuer la crise dans ce domaine. Bidonvillisation, anarchie dans les transactions immobilières, terres agricoles transformées en terrains urbanisables, et la liste est encore longue, sont autant d'écueils et d'entraves à la mise en place d'une politique du logement résolument tournée vers les mal-logés. Ces derniers, pleins d'espoir au vu des constructions qui montent au niveau de plusieurs communes, n'en ressentent pas moins des craintes justifiées eu égard aux dépassements enregistrés par le passé s'agissant des opérations d'attribution des logements. Celles-ci, souvent entachées d'irrégularités, ont contribué à installer un climat de défiance à l'égard des autorités. Les dispositions prises dans ce secteur pour satisfaire une demande sans cesse croissante à travers les différentes formules d'accès au logement butent encore sur nombre de contraintes quant à leur application. Ainsi, les programmes destinés à fixer les populations issues de l'exode rural demeurent en souffrance dans plusieurs communes. La lutte contre l'habitat précaire piétine aussi, avec notamment comme argument avancé l'indisponibilité du foncier. Dans ce sillage, les services compétents tentent quelques opérations pour libérer des sites, en procédant à des opérations de recasement, non sans difficultés. Mais des lenteurs viennent souvent attiser l'impatience des postulants aux logements. Une situation qui donne lieu à des contestations un peu partout à travers certaines communes. Quoi qu'il en soit, disent des élus locaux, la crise du logement n'a pas de fin. Si les chiffres avancés en matière de réalisation de logements et des projets à venir reflètent une volonté des pouvoirs publics pour en finir avec la contestation sociale en améliorant les conditions d'habitat des citoyens, le constat réel demeure néanmoins source de préoccupation permanente. La ville de Khemis Miliana en est à ce titre une parfaite illustration avec actuellement 2400 logements en cours de construction, sachant que cette ville compte quelque 2700 habitations précaires à éradiquer, a indiqué récemment le maire de cette commune. Ce dernier fera savoir, par ailleurs, que plus de 12 000 demandes de logements attendent satisfaction. La priorité sera accordée à plus d'une centaine de familles habitant le site de Boutane, qui bénéficieront bientôt d'une opération de recasement sur le même site, ajoutera le même responsable. D'autres familles, vivant à proximité d'un oued au niveau des sites de Fonal et Eucalyptus, attendent également une opération imminente de relogement. A l'échelle de la wilaya, l'on recense 18 000 habitations précaires et 24 000 dossiers de demandes de logement. Rappelons, enfin, que la wilaya de Aïn Defla a réalisé, sur les dix dernières années, 35 000 unités de logements. En outre, au titre du nouveau plan quinquennal, il est envisagé la construction de 40 000 autres de type F3 et F4, pour une enveloppe financière de 80 milliards de dinars. Pour autant, l'accès au logement, toutes formules confondues, demeure encore difficile, particulièrement pour les catégories sociales n'ayant pas droit au logement social locatif et dont les revenus insuffisants ne permettent pas, par ailleurs, d'opter pour le LSP. Ces derniers interpellent le ministre afin qu'il se penche sur leur cas.