A ce jour, des régions entières sont à l'écart du progrès social, accumulant toutes sortes de déficits et de retards difficiles à rattraper, surtout en matière d'habitat. En attendant les commodités, telles que le gaz naturel, bien des familles patientent encore dans leur chaumière, notamment dans les régions de Belaâs, El Mayenne et El Hassania. Les populations rurales dans la wilaya de Aïn Defla, localisées dans 24 communes sur les 36 que compte la wilaya, soit plus de la moitié de la population locale estimée à 763 336 habitants, expriment l'espoir de voir enfin se concrétiser les programmes de développement local avec l'installation du nouveau wali de Aïn Defla. Aussi, Hadjiri Derfouf, le nouveau chef de l'exécutif, aura du pain sur la planche quant à l'amélioration des conditions de vie des populations des zones rurales et montagneuses, lesquelles continuent à vivre, dans bien des localités, dans une totale précarité. S'il est vrai que la situation héritée depuis 2004 n'est guère reluisante, la réalité reste encore aujourd'hui des plus complexes. A ce jour, des régions entières demeurent à l'écart du progrès social, accumulant toutes sortes de déficits et de retards difficiles à rattraper. Le premier défi à relever en ce sens est de combler le déficit en logements ruraux. Tout récemment, des mesures ont été prises à cet effet par les autorités de la wilaya, avec l'installation d'une commission chargée de suivre et de contrôler les opérations d'attribution des aides à l'habitat rural. Les responsables locaux rappelleront à cette occasion que la wilaya de Aïn Defla a bénéficié de 15 000 unités de logements dans le cadre de l'habitat rural, au titre du programme 2010-2014. Au même moment, les subventions accordées dans ce domaine à certaines municipalités, classées parmi les plus démunies de la wilaya, voire à l'échelle nationale, ne peuvent permettre de faire face à une demande sans cesse croissante. Il y a lieu de rappeler qu'au titre du programme quinquennal 2005-2009, la wilaya de Aïn Defla avait bénéficié de 6 500 unités de logements ruraux, mais l'opération s'était soldée par un échec. De fait, beaucoup de bénéficiaires, pour de multiples raisons liées aux circonstances de la décennie noire, avaient quitté leur région après avoir empoché la première tranche de financement, tandis qu'il était impossible pour une grande partie d'entre eux d'achever, voire de démarrer les travaux de construction de leur maison, faute de moyens. L'habitat rural en souffrance Des programmes destinés à fixer les populations rurales dans leur région, il y en a eu beaucoup depuis l'année 2002. Les autorités de la wilaya avaient misé sur le retour des personnes déplacées, à la faveur des politiques initiées par l'Etat à cet effet. Depuis l'entrée en application des différents programmes destinés aux populations rurales à partir de 2004 (PNDA...) et le PPDRI en 2008, l'argent continue à couler à flots, avec pour objectif de réussir la politique dite du renouveau rural. Cependant, des contraintes de tout ordre continuent à freiner ces démarches, limitant du coup leur impact, au grand dam des populations démunies qui peinent à accéder à l'essentiel, à savoir un toit digne de ce nom. Citons l'exemple de la commune de Bordj Emir Khaled (sud-est du chef-lieu de wilaya), où seulement 151 aides à l'habitat rural ont été attribuées entre 2004 et 2010, alors que 6000 demandes sont déposées auprès des services concernés, selon un responsable de cette municipalité. Dans la commune voisine de Djelida, il est fait état de plus d'une dizaine d'unités de logements ruraux qui seront réalisés en 2010 au titre d'un programme spécial prévoyant en tout, la réalisation de 2000 unités d'habitation en milieu rural. Le nombre de demandes de logement dénombrées actuellement dans cette commune est de 1694, selon des responsables locaux. Autre exemple, à El Mayenne (extrême sud-ouest de Aïn Defla), commune de 12 000 âmes, considérée comme l'une des plus pauvres d'Algérie, il a été attribué, en 2008, 175 subventions seulement, contre 3000 demandes en instance. En attendant le lancement effectif des nouveaux projets et la concrétisation de ceux en cours, de nombreuses familles devront encore patienter à l'intérieur de leur chaumière en «toub», exposées aux aléas du climat, particulièrement au niveau des bourgades et hameaux situés en altitude, à l'image des régions de Belaâs, El Mayenne et El Hassania, des localités non encore raccordées au réseau de gaz naturel et où le transport et les structures de soins font cruellement défaut. L'autre problème, et non des moindres qu'il convient de signaler, est celui du manque d'eau. Certaines communes concernées, quoique disposant de châteaux d'eau, ne parviennent pas à approvisionner leur population. Quant à l'eau des citernes et des puits, elle fait craindre le pire pour la santé des citoyens. Ces derniers espèrent que les responsables en place feront mieux que leurs prédécesseurs pour améliorer leurs conditions de vie et freiner ainsi l'exode rural qui se poursuit encore au niveau de certaines zones.