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De la difficulté d'être opposant et maire !
Merzouk Lakrouz.Président de l'exécutif communal de Rouiba
Publié dans El Watan le 20 - 01 - 2011

«Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout !»
Albert Camus
A 63 ans, Merzouk, maire de Rouiba, paraît serein. Premier magistrat de la commune. Le terme l'amuse et le fait rire. Non pas qu'il dédaigne la fonction qu'il s'est choisie en toute liberté et pour laquelle ses électeurs lui ont accordé toute leur confiance, mais parce que, selon lui, être maire par les temps qui courent dans des espaces verrouillés avec de moins en moins de prérogatives, cela ne veut plus rien dire. Ou presque. Entre le marteau de l'administration et l'enclume de l'administré, la posture du maire, convenons-en, est peu enviable. Malgré cela, Merzouk n'en démord pas et continue à se battre. Avec sa voix soyeuse, son regard clair derrière ses lunettes, cet économiste qui a fait l'Ecole normale est prévenant, réservé, étonné et parfois courtois. Il pousse l'obligeance jusqu'à anticiper les questions qu'on ne comptait pas lui poser. Il n'a manifestement pas le goût de la routine. Cet intellectuel happé par la politique aime la méthode et tous ses propos sont expliqués, ce qui en fait un interlocuteur attentif et passionné.
A une époque frileuse, pour ne pas dire apeurée, il ne fait pas bon être maire, surtout lorsque le statut d'opposant pur et dur crée une ambiance viciée, pleine de suspicions que notre interlocuteur traîne, en plus des tracasseries quotidiennes interminables. Actualité oblige, M. Merzouk, qui suit comme nous tous avec une grande attention ce qui se passe en Tunisie, ne s'est pas empêché de commenter l'événement. «L'action menée par la société civile tunisienne est salutaire. Nous aimerions que les autres pays arabes qui vivent les mêmes situations, sinon plus, suivent l'exemple, pour se libérer de ces pouvoirs dictatoriaux qui ne laissent aucune gestion au peuple. C'est dire, pour paraphraser Ferhat Abbas, que réellement les indépendances ont été confisquées. On salue bien bas cette révolution tunisienne qui a patienté pour déraciner un pouvoir sans partage qui a fait main basse sur toutes les richesses du pays.»
Un homme résolu
M. Merzouk s'est aussi appesanti sur les émeutes qui ont secoué notre pays il y a quelques jours, en précisant qu'elles ne sauraient s'expliquer par la seule augmentation des prix de l'huile et du sucre. «Les émeutes sont une soupape. A mon sens, expliquer les émeutes par l'augmentation n'est qu'une argumentation fallacieuse, car nous étions habitués depuis longtemps aux hausses intempestives des prix. C'est un mal profond qui ronge la société tout entière. Pour l'expliquer, il faut chercher dans la crise sociale et politique qui traverse le pays. Qu'on lève l'état d'urgence qui pèse lourdement sur la société. Je pense que le premier signal du pouvoir, s'il en a la volonté, est de rétablir en urgence les attributions des élus au niveau de la base...»
Jeune, il s'est imprégné de l'idéologie du FFS «qui intéresse tout le monde. C'est le seul parti qui prône une démocratie véritable. Tout Algérien avide de bien-être ne peut qu'y souscrire. C'est pour cela que j'ai adhéré au parti en 1997», résume-t-il. Mais bien avant, et en pleine déconfiture de l'administration due aux événements tragiques de la décennie noire, Merzouk est sollicité par les autorités au début des années 1990, afin de leur proposer des candidats potentiels pour gérer la commune. «Je leur en avais proposé une brochette. A la fin, j'ai découvert que l'objectif visé était de faire de moi le DEC de Rouiba. Je remplissais les conditions. Enfant de Rouiba, universitaire, pas impliqué. Il s'agissait de donner une autre image de la ville dans une conjoncture défavorable. Rehausser en quelque sorte l'honneur bafoué de l'administration.»
La tâche n'a pas été de tout repos, loin s'en faut, coincé qu'il était entre le bon vouloir des «décideurs» et les attentes d'une population frustrée et meurtrie. «J'ai subi des pressions de toutes parts, mais j'ai résisté à toutes les tempêtes, en gérant en toute intégrité. J'ai fait l'objet de menaces, arme au poing, dans mon bureau, mais je n'ai pas cédé. J'ai répondu aux attentes de la collectivité en mon âme et conscience. Il faut dire que la population avait pris conscience des dangers qu'on courait. Le contrat de confiance s'est établi durant 3 années.» Plus d'une décennie après, Merzouk est rappelé pour gérer de nouveau les affaires de la cité. Mais cette fois-ci, par le biais des élections. Cela s'est passé en novembre 2007. Jetant un regard critique en arrière, notre homme est conscient d'une œuvre inaccomplie et d'un projet inabouti.
«Nous avions pris des engagements avec la population pour régler des problèmes qui perduraient depuis 20 ans, à savoir les deux lotissements en souffrance à la cité Cadat et Haouch Rouiba, projets initiés en même temps que le lotissement El Merdja et le lycée. Il se trouve que ces deux derniers ont été livrés aux citoyens, alors que les deux premiers n'ont pas été distribués à ce jour. Je pensais que c'était un manque de volonté de la part des responsables précédents. Il n'en était rien. On a crânement débattu avec le wali délégué au début de l'année écoulée et on a fait avancer le dossier. Un compromis avait été trouvé. Si les citoyens acceptaient le semi-collectif, ils verraient la situation se débloquer. Or, quelque temps après, la tutelle nous répond que ce choix était à écarter et qu'il fallait opter pour le collectif. Les citoyens ont exprimé leur refus aux différentes institutions».
Malgré tout le maire est resté fidèle à ses engagements pour rétablir la justice sociale. «En l'espèce, ici, c'est un cas d'injustice... Je le dis franchement, je suis prêt à batailler avec les autorités pour exposer de nouveau ce dossier et le faire aboutir ! Ma vocation en tant que maire est d'être là pour satisfaire les besoins des administrés, de les accompagner, de la naissance jusqu'au décès, d'améliorer leur cadre de vie.»
Un code à revoir
La feuille de route à travers le nouveau code communal est-elle à même de lui faciliter la tâche ? M. Merzak reste dubitatif du fait qu'il ignore le contenu de ce code. «Je n'ai jamais été sollicité pour faire des suggestions, alors que certaines APC ont été associées à la réflexion. En tout état de cause, ce que nous retenons, et d'après les informations que j'ai eues, si les attributions étaient déjà limitées dans l'ancien code, elles le seront davantage dans le nouveau qui limite le champ d'action du maire. Pourquoi nous affuble-t-on du titre de ‘‘premier magistrat de la ville'', alors que dans les faits nous ne le sommes pas ? Les besoins qu'attendent les citoyens de nous ne peuvent être satisfaits ni avec l'ancien code ni avec celui à venir. Ce que je retiens, c'est qu'on vient de restreindre le rôle du maire au profit de l'administration en renforçant le rôle du secrétaire général sans statut - il sera nommé par décret présidentiel.
Sans doute pour le protéger des élus. On aurait aimé qu'effectivement le secrétaire général, pour qu'il soit conforté dans sa fonction et sa carrière, ait un statut avec ses droits et ses obligations. Seulement, il s'avère qu'on veut faire du SG le véritable président de l'APC. C'est la preuve qu'on veut enlever les pouvoirs de l'élu au profit de l'administration. Le secrétaire général étant la cheville ouvrière de la commune, c'est un fait, mais l'élu a, lui aussi, un rôle grandissime, étant le représentant du peuple», s'explique notre élu, qui, l'expérience aidant, ne voit pas avec optimisme la suite des événements.
«Aujourd'hui, ou dans les années à venir, la loi électorale ne va pas et n'ira pas dans le sens de la stabilité des mairies. A Rouiba, sur 11 élus, il y a sept colorations politiques. FFS (2), FLN (1), FNA (1), PT (1), RND (2), MNND (2), Indépendants (2). Comment trouver une stabilité alors que les intérêts sont divergents ? De même d'ailleurs pour les idéologies, sans compter les projets de société, s'il s'en trouve...»
Haro sur l'instabililité
Selon M. Merzouk, la loi électorale favorise l'instabilité qui se traduit par des blocages, des divergences permanentes, ce qui nuit naturellement au développement. Tout en décochant des flèches en direction de la gestion pluripartisane, M.Merzouk prône la gestion de l'exécutif par une seule coloration politique.«Aujourd'hui, se plaint-il, je gère les problèmes des élus, leurs humeurs au quotidien.» M.
Merzouk a fait l'objet de deux coups d'Etat avortés : «Sincèrement, le maire est à plaindre. Au lieu de s'occuper de ses missions, il s'attelle à faire de l'équilibrisme avec l'adminisration. Déjà, le citoyen est fatigué des lourdeurs administratives que nous vivons depuis l'indépendance.» M. Merzouk peut se targuer, alors qu'il était DEC, d'avoir introduit l'informatique au sein de l'APC. C'est l'une de ses fiertés et de la commune, considérée de l'extérieur comme l'une des plus riches de la capitale.
«Effectivement, rectifie M. Merzouk, elle était riche, mais elle ne l'est plus. Dar El Beïda nous surclasse. Certes, nous avons 200 unités qui existent sur notre territoire, mais la loi fiscale fait que l'impôt est perçu au niveau où se situe le siège social de l'entreprise. C'est anormal ! La richesse de la commune de Rouiba provient de l'impôt local. On aimerait que la loi fiscale soit revue dans la mesure où l'argent doit être perçu dans la commune où l'activité est exercée», lance-t-il d'une phrase sèche, révélatrice de la réalité suffocante des choses.
Losqu'il évoque le FFS, son œil s'allume. «Le parti se porte très bien et les turbulences vécues il y a quelque temps sont dues au fait que l'équipe actuelle, avec un dynamisme soutenu s'attache à assainir, comme c'est le cas de Ghardaïa où il a été mis fin aux agissements de certains élus du parti qui ont outrepassé leurs missions ou leur qualité. Ils agissaient à contre-courant des directives du parti en servant leurs intérêts personnels au détriment de l'intérêt général», explique-t-il. L'atmosphère politique générale ne l'enchante guère. «Tant que le pouvoir en place ne lâche pas du lest et n'ouvre pas les champs politique et médiatique, il ne faut pas s'attendre à des changements conséquents qui sont pourtant si nécessaires. Il est vraiment très difficile aux forces démocratiques et de progrès d'activer dans de telles conditions, mais l'espoir est permis. Le système politique actuel est à bout. Il faudrait que la société civile manifeste aussi son devoir d'aller de l'avant et d'arracher ses droits pour sortir du carcan dans lequel elle est empêtrée depuis des années.»
Les maires semblent s'être égarés, en quête d'une véritable gouvernance. Cela nous rappelle ce conte persan : «Un homme, au milieu de la nuit, cherche ses clés sous un lampadaire. Un passant lui demande où il pense les avoir perdues. L'homme indique un endroit éloigné dans l'obscurité. Pourquoi ne les cherches-tu pas alors là-bas ? Parce que c'est ici qu'il y a de la lumière»...


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