Le développement social est une question qui engage «notre avenir, notre continuité, et constitue une exigence pour la sécurité nationale». Dixit Moubarak. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé hier à répondre à «la colère et la frustration sans précédent» de la population, lors d'un sommet des pays arabes en Egypte, sur fond de crainte de contagion des événements tunisiens. «La révolution en Tunisie n'est pas éloignée de ce que nous discutons ici», a déclaré M. Moussa devant ce sommet des 22 membres de l'organisation panarabe consacré questions économiques. «L'âme arabe est brisée par la pauvreté, le chômage et le recul des indices de développement», a-t-il ajouté, soulignant la nécessité de parvenir à des «succès réels» pour améliorer les conditions de vie. «La majorité de ces problèmes n'a pas été résolue», a-t-il dit, affirmant que «les citoyens arabes sont dans un état de colère et de frustration sans précédent». Ce sommet constitue la première réunion des chefs d'Etat arabes depuis le départ vendredi dernier, sous la pression populaire, du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali après 23 ans de règne. Il doit confirmer un engagement pris lors du précédent sommet économique arabe, en 2009 au Koweït, de créer un fonds de deux milliards de dollars pour financer les petites et moyennes entreprises afin notamment de soutenir l'emploi. L'hôte de ce sommet dans la station balnéaire de Charm El Cheikh, sur la mer Rouge, le président égyptien Hosni Moubarak n'a pas parlé directement de la Tunisie, mais a souligné que le développement économique et social était devenu «une question qui concerne notre avenir, notre continuité et constitue une exigence pour la sécurité nationale». Peur et panique De nombreux gouvernements arabes ont minimisé, ces derniers jours, les déclarations selon lesquelles la crise tunisienne pouvait se reproduire chez eux, tout en laissant parfois poindre leur inquiétude devant cette situation. «Nous suivons les efforts de nos frères en Tunisie pour se rassembler et surmonter cette phase difficile» afin de parvenir à «la paix et la sécurité», a déclaré l'émir du Koweït cheikh Sabah Al Ahmad Al Sabah. Plusieurs pays arabes — Algérie, Egypte, Mauritanie — ont connu ces derniers jours une série d'immolations par le feu semblables au geste du jeune vendeur ambulant tunisien, à la mi-décembre 2010, qui avait marqué le début de la révolte qui a renversé le président Ben Ali. Dans plusieurs pays, l'exemple de la Révolution du jasmin tunisienne a été repris par l'opposition — au Soudan, en Jordanie, en Egypte notamment. Des manifestions contre la cherté de la vie ou le chômage ont également eu lieu dans plusieurs pays. Dix chefs d'Etat participent au sommet de Charm El Cheikh. Les autres pays sont représentés principalement par des Premiers ministres ou des ministres des Affaires étrangères. Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Kamel Morjane, qui devait représenter son pays, a quitté l'Egypte pour Tunis hier matin, avant l'ouverture du sommet. Suite à ce départ, le siège de la Tunisie devait être occupé par son ambassadeur au Caire, a-t-on indiqué à l'ambassade, sans donner la raison du départ précipité du ministre.