L'humoriste franco-marocain dit ce qu'il pense de la classe politique en général et de Nicolas Sarkozy en particulier, avec la tchatche et l'humour qu'on lui connaît. Jamel revient et il est en forme. En très grande forme. L'interview accordée à un magazine en témoigne parfaitement. Ses répliques font mouche et méritent de figurer dans son nouveau spectacle. S'il évoque sa vie avec Mélissa Theuriau, leur fils Léon, la religion, c'est quand il parle de politique que Jamel est le plus grinçant. Et le plus drôle. L'humoriste avoue ne plus trop croire à la politique, ou du moins en ceux qui l'incarnent. «J'adorerais soutenir chaleureusement un candidat, être convaincu qu'il dit la vérité et qu'il va tenir ses promesses, parce qu'il l'aurait déjà fait et ce serait dans sa nature. Je sais, c'est un peu utopique», confie-t-il, un peu résigné. Et quand il réfléchit pour qui il pourrait voter lors de la prochaine élection présidentielle, Jamel se lance : «L'UMP ? Impossible pour des raisons de santé. Le PS ? J'ai trop voté pour lui. Les centristes ? Ça n'existe pas, c'est comme si dans un match Paris Saint Germain - Marseille tu étais pour l'arbitre. Les Verts ? Pas mal, mais ils n'ont rien inventé. C'est ma mère qui a inventé l'écologie : un bain pour neuf.» Vu sa notoriété et son influence sur les jeunes, on se doute bien qu'il a été pas mal sollicité par les politiques toujours en quête du people à la mode pour renforcer leurs désormais inévitables comités de soutien. Quand Télérama lui pose la question, Jamel répond plein de lucidité : «Tous, sans exception, de droite, de gauche, du centre. Ça prouve qu'ils n'ont pas beaucoup d'idées... On m'a même proposé un poste. Par l'entourage du président actuel, juste après l'élection, quand il avait besoin de fédérer. Faudel ne lui suffisait pas ! Je n'ai pas hésité un instant... à refuser. Si c'est à un comique qu'on demande de l'aide, c'est que le niveau a bien baissé.» Un Nicolas Sarkozy que Jamel Debbouze ne porte pas dans son cœur. Et il peut en parler puisqu'il a rencontré le président de la République en personne. C'était à l'époque du film Indigènes. «Il a été digne de lui, naturellement condescendant. J'en avais profité pour lui demander pourquoi il passait son temps à monter les camps les uns contre les autres, c'était l'époque de ses déclarations sur le Kärcher. Il me demande dans quel camp je suis. Je lui réponds : ‘‘Je suis dans le camp de la France, et vous ?''» Il se retourne vers Cécilia, et lui dit : ‘‘Tu vois, je te l'avais dit qu'il était intelligent.'' «J'ai fini par discuter avec leur jeune fils, Louis, c'était plus intéressant». Une dernière petite vanne pour la route ? A propos de la polémique sur Stéphane Guillon et France Inter, Jamel balance : «C'est parce que Sarkozy s'est mal réveillé un matin qu'il a fait virer Guillon. Mais est-ce que Mitterrand avait le temps d'écouter la radio ? Il travaillait, lui ! Guillon devrait être insignifiant pour le président de la République».