Cette localité de la banlieue d'Alger a connu un des massacres les plus horribles de la décennie noire. Plus de 400 personnes ont été massacrées en une seule nuit. Les habitants gardent les séquelles qui risquent de dégénérer en l'absence d'une prise en charge sérieuse de la part des pouvoirs publics. Nous sommes immunisés contre la violence. Plus aucun parti ni tendance politique ne pourr nous convaincre. Seul le laisser-aller et les conditions rudes pourraient nous pousser à nous soulever pour un changement vers le meilleur. Nos enfants ne se sont pas soulevés comme l'ont fait dernièrement les jeunes des autres quartiers de la capitale. Nous avons encore en mémoire les têtes tranchées de nos voisins jetées par les terroristes. Nous ne voulons pas que nos enfants connaissent d'autres violences, de quelque nature qu'elles soient. Mais si les choses continuent comme ça, rien ne les arrêtera, car la patience a des limites !» C'est l'analyse faite par un père de famille habitant depuis des générations la localité de Bentalha. Une veste en daim usée protégeait ce quinquagénaire contre le froid de cette matinée de janvier, le nez rougi par la brise, les mains dans les poches. L'homme est souriant, mais d'un sourire ironique. Il nous livre ce qu'une grande partie de la population de Bentalha endure au quotidien : «C'est le vide. ‘‘Gtelna'' le vide (le vide nous tue)», lâche-t-il en montrant des groupes de jeunes adossés à un mur. Ces petits groupes de 4 à 6 personnes s'adonnent à leur vacation quotidienne, «tuer le temps». En l'absence de centres de loisirs et d'attractions, ils essayent de créer leurs propres jeux. Dominos et cartes, sinon d'infinis papotages. «Nous, les adultes, nous sommes habitués à cette situation. Nous avons peur pour nos enfants. Ils n'ont aucune perspective, aucun d'eux ne travaille et nous craignons le pire», s'inquiète-t-il. Une virée dans les quartiers Hamma, Djilali, ou encore dans les cités des 200 ou 700 Logements renseigne sur l'ampleur du marasme vécu par les gens de Bentalha et qui «fait peur aux parents». Aucune commodité. Mis à part les écoles disponibles dans ces quartiers, la population ne bénéficie d'aucune commodité. C'est un combat que mènent les familles pour survivre. Elles qui ont vécu du 22 septembre 1997, l'horreur. Cette localité de la banlieue d'Alger a connu un des massacres les plus horribles de la décennie noire. Plus de 400 personnes ont été massacrées en une seule nuit. Les habitants gardent les séquelles qui risquent de dégénérer, en l'absence d'une prise en charge sérieuse de la part des pouvoirs publics. «Croyez-vous que la psychologue mise à notre disposition peut effacer les séquelles de ce qui s'est passé ?». Nos jeunes ont besoin de travail, de loisirs et d'être rassurés, ce qu'ils ne risquent pas de trouver à Bentalha, selon les impressions recueillies. Le désespoir, c'est ce qui est reflété dans les discussions que nous avons eues avec plusieurs jeunes de ces quartiers. Les plus chanceux sont ceux dont le père est fonctionnaire ou détenant ailleurs une parcelle de terrain ou un transporteur de voyageurs. «Les autres sont livrés au chômage. Des familles survivent dans la misère et la pauvreté. Les épinards constituent le repas quotidien de la majorité des familles. Nous vivons bqodrat rebbi (par la puissance de Dieu)», se plaint une mère de famille. Les élus ont la tête ailleurs Plusieurs cités donnent l'aspect d'ensembles d'habitations conçues uniquement pour dormir. A l'exception des commerces d'alimentation générale et les fast-foods, les services et les espaces de loisirs font défaut. Le cadre de vie laisse également à désirer, notamment pour les cités des 200 et 700 Logements. Depuis sa livraison sous forme de logements semi-finis en 1987, le quartier des 700 Logements n'a subi aucun aménagement de la part des autorités locales. Les pistes s'éternisent en l'absence de routes goudronnées. Les allées sont noyées dans la boue. «Après les pluies, personne ne peut sortir de son domicile. Les parents sont obligés de porter leurs enfants pour les emmener à l'école. Parfois, les écoliers sèchent les cours quand c'est impossible de traverser. De grandes mares à traverser se forment entre les habitations. Le portail de l'école est ainsi impossible à atteindre à pied», raconte une dame, interrogée devant l'entrée de l'école primaire de cette cité. Les habitants rappellent que plusieurs correspondances ont été adressées à l'APC en vue de solutionner ces problèmes relevant de l'aménagement des quartiers, en vain. «Tous les efforts des comités de quartier qui ont saisi toutes les instances pour arracher notre droit à un cadre de vie décent sont restés sans suites depuis plusieurs années», précise un vieil habitant de ce quartier. Pas de routes, pas de trottoirs et le gaz de ville est apparemment un luxe illégitime pour les habitants de certains quartiers de Bentalha. «Les installations sont pourtant prêtes depuis plus d'une année. Qu'attend-on pour nous alimenter gaz pour nous permettre au moins de nous chauffer en hiver», martèle notre interlocuteur. Dans d'autres quartiers de la commune de Baraki, les foyers sont pourtant alimentés en gaz. «Sommes-nous des citoyens de deuxième catégorie ?», s'interroge un jeune épicier de la cité des 200 Logements. A la cité Hamma, les habitants posent le problème de l'insécurité qui menace leurs enfants. Des semi-remorques sillonnent les artères de la cité sans aucune considération pour l'environnement. Des panneaux d'interdiction d'accès pour ces poids lourds ont été arrachés, apprend-on auprès de riverains. «L'APC a été saisie à propos de ces préoccupations, mais n'a donné aucune suite. Nos demandes d'installer des ralentisseurs à proximité des établissements scolaires n'ont eu aucune issue», précise-t-on également. Au début de l'année, un enfant a été écrasé par un semi-remorque. Cette tragédie ne semble pas inquiéter les services concernés de l'APC, puisque aucune mesure n'a été prise pour une meilleure organisation de la circulation au niveau du quartier. Aussi, aucune opération d'entretien n'a été effectuée pour déboucher les regards et les avaloirs. «Nous risquons l'inondation en cas de fortes pluies». L'absence d'éclairage public est un problème qui est signalé dans la plupart des quartiers de Bentalha. Dans les quartiers Hamma et Djilali et dans les cités des 200, ou des 700 Logements, les habitants sont contraints de se déplacer dans le noir dès la tombée de la nuit : «Nous avons saisi l'APC à maintes reprises pour le rétablissement de l'éclairage public, mais en vain», souligne un père de famille, en expliquant, que les habitants courent de vrais risques de chuter ou d' être agressés quand ils se déplacent le soir pour accomplir les prières. Le matin aussi, des accidents surviennent. Des chiens errants infestent les rues de ces quartiers et s'attaquent aux passants. «Nos enfants sont terrorisés par ces bêtes qui investissent le terrain avant le lever du soleil. Aucune mesure n'a été prise pour la capture de ces chiens.» L'absence d'éclairage public la nuit a eu pour effet la recrudescence des vols et des agressions. «C'est nous qui prenons en charge la sécurité de nos maisons. Nous organisons la «garde» le soir et assurons un minimum de sécurité pour les gens du voisinage», précise un habitant de la cité Djilali. L'absence d'éclairage public est un problème qui est signalé dans la plupart des quartiers de Bentalha. Dans les quartiers Hamma et Djilali et dans les cités des 200, ou des 700 Logements, les habitants sont contraints de se déplacer dans le noir dès la tombée de la nuit : «Nous avons saisi l'APC à maintes reprises pour le rétablissement de l'éclairage public, mais en vain», souligne un père de famille, en expliquant, que les habitants courent de vrais risques de chuter ou d' être agressés quand ils se déplacent le soir pour accomplir les prières. Le matin aussi, des accidents surviennent. Des chiens errants infestent les rues de ces quartiers et s'attaquent aux passants. «Nos enfants sont terrorisés par ces bêtes qui investissent le terrain avant le lever du soleil. Aucune mesure n'a été prise pour la capture de ces chiens.» L'absence d'éclairage public la nuit a eu pour effet la recrudescence des vols et des agressions. «C'est nous qui prenons en charge la sécurité de nos maisons. Nous organisons la «garde» le soir et assurons un minimum de sécurité pour les gens du voisinage», précise un habitant de la cité Djilali. Des enfants employés dans l'informel L'informel ne semble pas inquiéter les autorités locales de Baraki. Puisque, comme constaté dans la localité de Bentalha, aucun espace public n'échappe à ce fléau. «Des familles se nourrissent, certes, de ce commerce, en écoulant des produits agricoles issus de la culture locale. Nous comprenons que les autorités ferment les yeux, mais autoriser des gens venant d'autres villes à s'installer et écouler des produits importés, c'est nous obliger à baisser rideau et nous réduire à la faillite», estime un gérant d'un commerce de fruits et légumes installé dans la place principale de Bentalha. Des jeunes enfants poussent des charrettes pour vendre des épinards, d'autres accompagnent des vendeurs adultes, pour écouler des légumes et des fruits, en se déplaçant par camionnette d'un quartier à l'autre. Les enfants qui travaillent dans l'informel sont une réalité qui ne peut être niée à Bentalha. «Aucune enquête ni étude n'est faite sur ce phénomène», explique un membre d'un comité du quartier des 700 Logements. Mis à part la cellule d'écoute psychologique installée avec la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), aucun autre effort n'est venu conforter la population qui veut en finir avec la souffrance, s'inquiète-t-on également. Pourquoi cette localité semble-t-elle ainsi abandonnée ? Les officiels se targuaient pourtant des efforts engagés pour son développement. Contactés pour connaître les projets en cours et en savoir plus sur les insuffisances relevées dans les cités visitées, les responsables de la commune (P/APC) ne se sont pas montrés disponibles.