Le prestigieux forum économique mondial de Davos (Suisse) rassemblera mercredi prochain le gotha mondial de la politique et des affaires. De nombreux preneurs de décisions dont les choix influeront sur l'avenir de la planète y prendront part avec l'ambition de trouver des remèdes à long terme pour éviter une explosion sociale. «Nous avons dans le monde une situation dans laquelle le système politique et les institutions sont juste débordés par la complexité qu'ils doivent affronter», les menaçant d'un réel «burn-out» (épuisement), a expliqué le fondateur du forum, Klaus Schwab. D'un côté les pays développés, à l'instar de l'Europe, peinent à se remettre de l'effondrement économique et financier de ces dernières années, de l'autre les nouveaux géants en développement s'affairent à éviter une surchauffe. Tous sont actuellement «trop occupés à éteindre le feu» sans penser sur le long terme, a déploré M. Schwab soulignant que le prochain Davos serait au contraire destiné à voir plus loin, réfléchir à de nouvelles stratégies. Ces dernières prendront en compte le «déplacement du pouvoir géopolitique et géo-économique du nord au sud et de l'ouest vers l'est», une évolution qui nécessitera de grandes adaptations et notamment de nouvelles normes, a prévenu le fondateur du grand rendez-vous annuel réunissant pendant 5 jours dans la petite station de l'est des Alpes suisses quelque 2500 décideurs de tous horizons. «La réunion proposera également des idées et des solutions pour le processus du G20», a poursuivi Klaus Schwab, confirmant une intervention, pour la deuxième année consécutive, du chef d'Etat français Nicolas Sarkozy, qui préside actuellement l'enceinte des 20 économies les plus riches de la planète. Illustrant la montée en puissance des nouvelles économies, que la crise n'a fait qu'amplifier, les délégations des pays émergents comme la Chine, l'Inde ou la Russie seront particulièrement fournies. La réunion sera ainsi inaugurée par le président russe Dmitri Medvedev ouvrant le bal d'un défilé riche en chefs d'Etat et de gouvernement dont la chancelière allemande, Angela Merkel, les Premier ministres britannique, David Cameron, et japonais, Naoto Kan, ainsi que le Secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon, le chef de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, ou encore le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner. Ce parterre étoffé abordera également la question de l'euro ainsi que la reprise douloureuse de l'économie européenne après le sauvetage de la Grèce et de l'Irlande. La «guerre des monnaies» sera également sur toutes les bouches alors que les Etats-Unis ont encore sommé cette semaine la Chine d'ajuster le yuan, jugé sous-évalué. La question est devenue brûlante, au point que le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, a tiré récemment la sonnette d'alarme, prévenant que si les gouvernements continuaient de spéculer sur la baisse des taux de change pour favoriser leurs exportations, la guerre des devises tournerait «à la guerre commerciale». Les nombreux ministres du Commerce — Australie, Brésil, Chine, d'Inde, du Japon, des Etats-Unis et de l'UE — attendus à Davos n'éviteront pas ces questions, avant de discuter du laborieux cycle de Doha de libéralisation des échanges que le G20 a espéré conclure en 2011. L'envolée des prix des denrées alimentaires se tiendra en toile de fond comme une des grandes menaces de l'année, pesant sur la stabilité sociale, comme l'a montré en Tunisie la chute du régime de 23 ans de Zine El Abidine Ben Ali. Le Forum de Davos est surtout devenu au fil des ans le rendez-vous incontournable des «grands» de ce monde qui profitent de cette enceinte pour discuter, à l'abri des regards, de leurs affaires. Plus de 2500 hommes d'affaires, politiques, responsables d'ONG ou encore scientifiques ainsi que des centaines de journalistes, s'y précipitent ainsi chaque année, malgré le coût conséquent de participation. Pour beaucoup, Davos, qui accueille pour sa 41e édition quelque 35 chefs d'Etat et de gouvernement, reste le symbole d'un capitalisme élitiste, un rien bling-bling avec ses cocktails arrosés de champagne et des stars comme cette année Robert De Niro ou encore le chanteur d'opéra Jose Carreras.