Après la fracture qu'a subi le système financier international, le 40e Forum économique de Davos, où sont représentés notamment les pays les plus riches, tente de prodiguer les soins qu'il pense être nécessaires à la remise en marche de l'économie mondiale. La crise économique mondiale, née d'un dysfonctionnement de l'ordre financier universel, ne cesse de monopoliser l'intérêt des dirigeants et des économistes, présents au 40e Forum économique mondial de Davos (Suisse). Les intervenants au forum de Davos ont plaidé pour la nécessité d'asseoir des mécanismes de gestion de l'après-crise économique mondiale. Certes, certaines places financières ont connu des éclaircies après le grand choc financier, mais la crise n'a pas encore retiré définitivement ses esprits qui hantent les marchés et certains experts redoutent même « des chocs à répétition » et le risque d'un phénomène de récession « en double creux ». Le 40e Forum économique mondial de Davos a donc consacré une bonne partie de son sommaire à la gestion de l'après-crise, une question qui revenait comme un leitmotiv dans les discours des dirigeants et économistes. Certains membres du G20 pressent le pas afin d'imposer une « gouvernance économique mondiale », comme principal remède aux « bulles financières ». La Chine, qui a résisté mieux que les autres pays à la crise avec, sur le tableau de bord une croissance de 9% en 2009 et 10% prévue en 2010, s'est déclarée prête à faire des concessions en adoptant une politique monétaire « plus flexible » en fonction des « circonstances », a déclaré, jeudi, à Davos le vice-Premier ministre chinois, Li Keqiang. La Chine a été clairement pointée du doigt lors de ce regroupement d'ordre économique. Le premier à avoir décoché des flèches à l'adresse du géant asiatique est le président français Nicolas Sarkozy. Selon lui, « l'instabilité des changes, la sous-évaluation de certaines devises empêchent que le commerce soit équitable, que la concurrence soit loyale ». Le dirigeant français n'est pas allé donc par quatre chemins pour critiquer la Chine, soulignant sur sa lancée la nécessité d'une « refondation du système financier international ». M. Sarkozy a appelé à faire du G20 le lieu de décision sur de tels sujets. Il s'est livré à cet effet à un sévère réquisitoire contre les dérives des marchés financiers et le comportement des banques. Ceci pour conforter le président américain dans sa « guerre » qu'il vient de déclarer aux banquiers, lors d'une récente sortie médiatique. Barack Obama avait dit que « certains lobbies et acteurs financiers s'opposent à la régulation des marchés », et qu'il est « prêt à les affronter ». Nicolas Sarkozy est allé prêter main-forte au président américain dans son plan, annoncé le 21 janvier dernier, et visant une réduction des tailles des banques et une limitation de leurs activités. L'on s'achemine, il est utile de le signaler, vers quelque chose de nouveau qui pose, en termes clairs, la question d'une régulation afin de rendre gouvernable l'économie mondiale, à l'ère de la numérisation des réseaux et de la globalisation des acteurs et des marchés. Le président sud-coréen, Lee Myung-bak, dont le pays recevra une réunion du G20 en novembre prochain, a réclamé qu'une attention particulière soit accordée à « l'après-crise » tout en évitant le protectionnisme. Il a ainsi suggéré un système d'alerte précoce « plus fort » afin de faire face aux crises financières, ainsi que des « mesures concrètes » pour réformer la gouvernance financière internationale. Avec les premiers signes de reprise qui apparaissent à l'horizon de l'économie mondiale, « il est temps pour le G20 d'établir un programme d'après- crise et de construire une base qui puisse assurer une croissance soutenue et équilibrée de l'économie mondiale dans les mois et les années à venir », a déclaré M. Lee. Cependant, il se trouve que le système énergétique mondial, nécessaire pour accompagner la croissance, tend à voir son centre de gravité se déplacer vers l'Est. La demande mondiale de pétrole sera tirée à 70% par les pays émergents, un des facteurs qui motivent les pays occidentaux à réfléchir à un mode de régulation capable de rendre gouvernable l'économie mondiale. Les défis qui attendent l'économie mondiale sont de taille.