Il semblerait que l'Etat riche ne se soucie plus de ses dépenses. Les importations de l'Algérie ont atteint un niveau historique jamais égalé de 40,21 milliards de dollars en 2010. Les mesures «exceptionnelles» contenues dans la loi de finances complémentaire 2009, destinées à se prémunir contre les importations «inutiles», s'avère être, tout compte fait, qu'une épine enfoncée dans le pied des opérateurs économiques. Entre 2003 et 2010, le montant représentant la valeur des importations algériennes a carrément triplé. En 2002, la facture des importations de l'Algérie a été évaluée à 12,009 milliards de dollars. En 2005, le montant a doublé pour atteindre 20,35 milliards de dollars. Mais le combat contre les importations dites «inutiles» redevient progressivement un simple discours de conjoncture puisque l'année 2008 a marqué le début d'un accroissement dangereux du niveau des importations. Elles se sont établies à 39,47 milliards de dollars en 2008 et à 39,29 milliards de dollars en 2009, avant de dépasser le seuil de 40 milliards de dollars en 2010. C'est une trajectoire chaotique et si préjudiciable pour l'économie du pays. Jamais les dépenses de l'Algérie consacrées aux importations n'ont atteint un niveau aussi dangereux. Dans la période actuelle où les menaces inflationnistes sont élevées, l'Algérie est exposée à un double risque, celui de voir sa facture alimentaire se maintenir à des niveaux élevés et les secteurs productifs dépérir au profit des importateurs. Les données statistiques diffusées, hier, par le CNIS, répercutées par l'APS, démontrent que sur les sept groupes de produits que contient la structure des importations, deux seulement ont connu de légères baisses. Il s'agit des biens de consommation non alimentaires qui ont enregistré une baisse de 2,57%, et de ceux des demi-produits avec -2,17%. Pour les autres groupes, la hausse la plus prononcée a été enregistrée par le compartiment incluant les énergies et lubrifiants (+72,13%), totalisant la somme de 945 millions dollars, suivis par les biens d'équipement agricoles (+41,63%) avec un montant de 330 millions de dollars et les produits brut avec +17,17%, soit 1,40 milliard de dollars. La facture du groupe des biens alimentaires a augmenté de (+2,80%) et s'établit à 6,02 milliards de dollars, tandis que les biens d'équipements industriels, en hausse de +2,87%, ont atteint 15,57 milliards de dollars. S'agissant du groupe des produits alimentaires importés, la hausse la plus importante a été enregistrée par les «sucres et sucreries» avec 19,28% passant de 568,9 millions de dollars en 2009 à 678,6 millions en 2010, suivis par les «laits et produits laitiers», en hausse de 15,11% à 992,8 millions de dollars, suivis par les légumes secs (+14,14%) pour une valeur de 298,6 millions de dollars. Les importations des huiles destinées à l'industrie alimentaire ont augmenté de 17,28%, dont la valeur se chiffre à 597,3 millions de dollars. Le groupe des produits de consommation non alimentaires a connu, quant à lui, une baisse de 2,57% en 2010. Les importations de médicaments, à titre d'exemple, ont chuté de -4,66% pour totaliser 1,66 milliard de dollars, tandis que les véhicules de tourisme ont reculé de -4,51% pour un montant de 1,455 milliard de dollars. La France occupe toujours la 1re place sur la liste des fournisseurs de l'Algérie avec 6,06 milliards de dollars, suivie de la Chine (4,41 milliards de dollars). En 2010, les cinq principaux clients de l'Algérie étaient les USA (13,69 milliards de dollars), l'Italie (6,39 milliards de dollars), l'Espagne (6,01 milliards de dollars), la France (4,52 milliards de dollars), et les Pays-Bas (3,50 milliards de dollars). Les exportations du pays ont atteint durant l'année écoulée 56,66 milliards de dollars, contre 45,19 milliards de dollars, en hausse de 25,38%. La structure des exportations est constituée essentiellement des hydrocarbures avec une part de 97,14%. La balance commerciale de l'Algérie a réalisé ainsi un excédent de 16,45 milliards de dollars durant la même année.