Les réactions à l'information publiée mardi dernier par le journal britannique The Daily Mirror faisant état de l'intention de George Bush de bombarder le siège de la chaîne d'information qatarie Al Jazeera ont fusé des quatre coins du monde. Hier, le directeur de la rédaction du journal Al Qods Al Arabi, basé à Londres, Abdel Bari Atouan, a estimé que ce plan « révèle une volonté réelle de l'Administration US de mener une guerre contre Al Jazeera et contre tous les médias arabes libres qui refusent d'épouser sa ligne politique », soutenant au passage que « toutes les déclarations sur la liberté et la démocratie de la part de cette administration se sont avérées de purs mensonges ». Estimant que la chaîne qatarie livre les informations sans éprouver le besoin de les retoucher ou de les édulcorer, le même journaliste a avoué que « l'existence d'un tel plan prouve aujourd'hui que les Américains avaient donc intentionnellement bombardé les sièges de la chaîne à Kaboul et à Bagdad ». Et de juger : « L'échec des Américains à faire taire Al Jazeera, les a poussés à financer d'autres chaînes de télévisions concurrentes. Mais, en vain, celles-ci n'ont pas atteint l'objectif escompté. » Par ailleurs, la chaîne Al Jazeera a publié, hier, un communiqué de presse pour exprimer, d'une part, son indignation et dire, d'autre part, qu'« elle mène actuellement une enquête approfondie pour déterminer l'authenticité du document publié par le Daily Mirror », précisant qu'« au cas où l'information s'avère véridique, elle constituera un choc profond et certain pour non seulement Al Jazeera, mais aussi pour les médias du monde entier ». La chaîne qatarie a également invité la Maison-Blanche et le gouvernement britannique à réagir au rapport du quotidien anglais. Tout en condamnant ce genre d'idées, Kassem Jaâfar, spécialiste à l'Institut international des analyses stratégiques, a estimé que « cet acte démontre, si besoin est, la déroute finale de l'Administration Bush », considérant que la « liberté d'Al Jazeera ou de tout autre média est une chose sacrée ». Pour sa part, le Times a fait savoir, hier dans ses colonnes, que « le procureur général a écrit à tous les journaux anglais, les sommant de ne pas publier les détails de l'affaire sous peine de poursuites judiciaires ». Alors que tous les journaux arabes ont condamné l'intention américaine de bombarder Al Jazeera, la Maison-Blanche a, pour sa part, démenti toutes les informations rapportées par le quotidien britannique en les qualifiant « d'inconcevables » et « de farfelues ».