Outre le sit-in des employés de la chaîne de télévision qatarie, le Comité de protection des journalistes (CPJ) et Reporters sans frontières (RSF) exigent que la lumière soit faite sur cette affaire. Depuis que la justice britannique a ordonné au Daily Mirror de ne pas publier le document en possession du journal, confirmant l'information relative à l'intention prêtée au président des Etats-Unis de bombarder la chaîne de télévision d'informations qatarie Al Jazzera, on enregistre une vague de protestations sans précédent. En effet, nonobstant la contestation légitime des employés et de la direction de la chaîne satellitaire qui veulent des explications sur les assertions du quotidien britannique par le biais d'une rencontre en urgence avec Tony Blair, le Premier Ministre britannique, nombreuses sont les déclarations des organisations de presse demandant une gestion transparente de ce dossier. Ne cachant guère son inquiétude sur les informations publiées le 22 novembre dernier par le Daily Mirror, Reporters sans frontières affirme dans un communiqué : “Nous n'osons croire que ces propos ont réellement été tenus par le président américain. Cela serait extrêmement grave et constituerait une atteinte majeure et sans précédent au droit de tous à l'information”, a déclaré Reporters sans frontières. “Bombarder un organe de presse, quel qu'il soit et en temps de paix, serait incompréhensible et inacceptable. Ces propos, s'ils sont avérés, offrent également un nouvel éclairage sur les motivations des forces américaines qui ont déjà bombardé les locaux de la chaîne qatarie à deux reprises, en Afghanistan et en Irak.” Tout en se déclarant choquée par la décision des autorités britanniques d'interdire à la presse de publier des informations sur le contenu du mémorandum classé top secret, l'organisation de presse souhaite que “toute la lumière soit faite, le plus rapidement possible, sur cette affaire. Nous demandons à toutes les parties en présence de faire preuve d'une totale transparence. Il nous semble que pour mettre fin à toute polémique et éviter des accusations dangereuses et sans fondement, la solution serait de publier ce mémorandum”. De son côté, le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a demandé à George W. Bush et à Tony Blair de s'exprimer sur le sujet. “C'est une accusation très sérieuse avec des implications graves pour la sécurité des professionnels des médias. Le président Bush et le Premier Ministre Blair devraient immédiatement clarifier ce qu'ils ont dit et n'ont pas dit au cours de leur rencontre d'avril 2004”, a écrit Ann Cooper, directrice du CPJ, dans un communiqué. “Refuser d'aborder ces questions ne fait que nourrir les soupçons”, conclut-elle. Une chose est sûre, cette affaire risque de faire beaucoup de vagues encore si l'on se fie à la déclaration du directeur d'Al Jazzera, Wadhah Khanfar, qui a affirmé : “Nous ne nous tairons que lorsque nous serons parvenus à la vérité, que nous rendrons publique.” K. ABDELKAMEL