Journaliste au quotidien égyptien Dostor, Tamer Abdelhamid explique les objectifs de la révolte populaire en Egypte qui se poursuit depuis mardi. Il estime que la révolution tunisienne pourrait se reproduire en Egypte et dans tous les pays arabes. - La contestation populaire se poursuit pour la deuxième journée consécutive en Egypte. Peut-on dire que la Révolution du jasmin en Tunisie a influencé la rue égyptienne ? Oui ! La chute de Ben Ali en Tunisie est une étincelle. Je pense que c'est un exemple à suivre pour faire tomber tous les régimes dictatoriaux dans les pays arabes en général et pas seulement en Egypte. Tous les pouvoirs totalitaires finiront par disparaître. En Egypte, la protestation contre le régime émane des forces populaires et les partis politiques d'opposition, y compris les islamistes qui adhèrent à cette révolte. C'est donc la population qui est à l'origine de cette révolte et non pas l'inverse. - Pensez-vous que la rue égyptienne est déterminée à rééditer l'exploit des Tunisiens ? Le mur de la peur est tombé. La population égyptienne est plus que jamais mobilisée à maintenir le cap jusqu'à la réalisation de ses aspirations. Il y a plusieurs rendez-vous qui sont programmés pour en finir avec le régime de Hosni Moubarak. Je peux vous dire qu'après la révolution tunisienne, il y aura une nouvelle révolution en Egypte. - Quelles sont les principales revendications des manifestants ? La rue égyptienne refuse d'abord que Hosni Moubarak brigue un sixième mandat présidentiel. Elle demande également la démission du ministre de l'Intérieur et la levée de l'état d'urgence. Les Egyptiens ne veulent plus également que le parti au pouvoir, le Parti national démocrate (PND), soit majoritaire au Parlement. - Quels sont les derniers développements et comment sont gérés ces événements par les autorités égyptiennes ? Les gens manifestent d'une manière pacifique. Hier (mardi ndlr), la manifestation a commencé pacifiquement ; il n'y avait pas de violence ni de casse. Mais les forces de l'ordre ont répondu à cette action par la violence en utilisant des canons à eau et des gaz lacrymogènes pour disperser les protestataires. Ils ont même utilisé des balles réelles contre les manifestants et tué trois jeunes. Aujourd'hui (hier ndlr), la protestation s'est poursuivie et les autorités ont recouru encore une fois à la répression. Plusieurs journalistes ont été arrêtés. Les autorités ont également bloqué les réseaux sociaux, facebook et twitter. Elles ont aussi brouillé les téléphones portables. Leur objectif est clair : contrôler les moyens de communication pour empêcher la population de s'organiser davantage pour faire tomber le régime.