La majorité de la presse internationale a consacré dans ses publications, hier, un important espace au soulèvement populaire en Egypte, qui dure depuis cinq jours. Les plus grands titres de la presse américaine, française, israélienne et arabe sont revenus longuement sur la plus importante manifestation de vendredi dernier et les discours des présidents Moubarak et Barack Obama. Outre les événements, qui se sont précipités ces derniers jours, les publications n'ont pas manqué de signer des éditoriaux exprimant inquiétudes et interrogations. La presse américaine, qui semble être au fait de l'actualité en Egypte, était partagée sur la situation chaotique dans ce pays. Certains journaux se déclarent favorables à une réévaluation des relations américano-égyptiennes, tandis que d'autres appelaient à la prudence. L'armée égyptienne a bénéficié l'an dernier de subventions américaines à hauteur de 1,3 milliard de dollars écrit le Washington Post. «Plutôt que d'appeler un dirigeant intransigeant (Moubarak) à appliquer des réformes, l'Administration (américaine) devrait tenter de préparer la voie pour la mise en place pacifique d'une plate-forme de l'opposition», ajoute le même journal, qui estime que le gouvernement américain devrait porter son choix sur Mohamed El Baradei, l'ex-directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et d'autres dirigeants de l'opposition. En revanche, le Los Angeles Times considère que l'Egypte et son président Hosni Moubarak sont des alliés forts dans une région fortement sujette à l'antiaméricanisme. «En signant un traité de paix avec Israël, l'ancien président Anouar al Sadate a fortement réduit la possibilité d'une guerre majeure arabo-israélienne, et l'Egypte sous Moubarak continue de jouer un rôle dans la poursuite du maintien de la paix entre Israël et les Palestiniens», poursuit le quotidien de la côte ouest américaine. «Personne ne s'attend à ce que les Etats-Unis préconisent un changement de régime», poursuit le journal. Le New York Times, enfin, relate l'analyse d'un expert du Proche-Orient, qui craint que la chute de Moubarak puisse ouvrir la voie à des radicaux islamistes désireux d'augmenter leur poids en Egypte. «Si on ne soutient pas Moubarak, le régime tombera, et les Frères musulmans prendront le contrôle de l'Egypte et rompront le traité de paix avec Israël, ce qui aura d'importantes conséquences négatives pour les intérêts américains au Proche-Orient», estime Martin Indyk, un négociateur pour le Proche-Orient sous l'Administration Bill Clinton. La presse française, quant à elle, s'est interrogée sur ce qui se passe actuellement en Egypte. «Les Etats-Unis à la manœuvre», s'interroge le Nouvel Observateur, qui estime que les déclarations de Obama et de Hilary Clinton témoignent en effet d'une grande inquiétude au sein de l'Administration américaine en faisant référence, notamment aux explications données par Pascal Boniface, directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) à nouvelobs.com. «Les prises de position des Etats-Unis consistent uniquement à limiter les dégâts, analyse-t-il. Ils n'ont pas envie de voir le mouvement déboucher sur une répression sévère et une instabilité politique dans la région. Leur seule ambition est de parvenir à un atterrissage en douceur.» Et d'ajouter : «Les Américains ont compris que le statu quo en Egypte n'était plus possible. Que l'ouverture démocratique du régime était aujourd'hui inéluctable.» Le Figaro a quant à lui estimé qu'«un changement de gouvernement ne suffira sans doute pas à le sauver (Moubarak). (...)» Face à l'explosion de la colère populaire, l'immobilisme, seule stratégie du pouvoir depuis trente ans, n'est plus de mise. Agé de 82 ans, avec une santé fragile, Hosni Moubarak ne peut plus se maintenir au pouvoir longtemps.