Que peut bien dire de plus ou de réellement nouveau, le Premier ministre israélien depuis qu'il a opposé un triple non aux revendications des Palestiniens ? Pas de démantèlement et même de simple gel de la colonisation, non à l'Etat palestinien et non à la restitution d'El Qods, avait-il signifié depuis son retour aux affaires. Et pourtant, et tout juste trois jours après le discours du président américain en direction du monde musulman, il croit pouvoir annoncer du nouveau. Cela rappelle en tout cas un de ses prédécesseurs, Ariel Sharon, toujours dans le coma depuis 2006, qui avait cru lui aussi répondre à cette même question de paix, en retirant les colons et l'armée israélienne de la bande de Ghaza, pour se positionner aux portes de ce territoire en faisant une immense prison. C'était sa manière de tuer dans l'œuf l'initiative arabe qui prenait de plus en plus de forme et de ne pas répondre aux clauses de la feuille de route qui appelait, elle-aussi, au gel de la colonisation. Et encore, Sharon demandait des compensations territoriales. Autrement dit, annexer de nouveaux territoires palestiniens. Avec le même timing, Benjamin Netanyahu croit lui aussi pouvoir déjouer les pressions actuelles, fait savoir qu'il présenterait la semaine prochaine sa politique de « paix et de sécurité », sans dire s'il s'agit là de la réponse qu'il est pressée d'apporter. « La semaine prochaine, je vais prononcer un discours important dans lequel je présenterai aux Israéliens les principes de notre politique pour parvenir à la paix et la sécurité », a affirmé M. Netanyahu devant les journalistes à l'ouverture du Conseil des ministres. Dans son discours du Caire, et rappelé hier en France dans ses grandes lignes, le président Obama a exigé un gel total de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée et la création d'un Etat palestinien, auxquels M. Netanyahu s'oppose. « J'ai lu et entendu ces derniers jours des propos qui m'étaient attribués, mais que je n'ai pas prononcés. Je voudrais que les choses soient claires : nous voulons parvenir à la paix avec les Palestiniens et les pays arabes avec le maximum d'entente de la part des Etats-Unis », a-t-il ajouté. « Mon objectif est de parvenir à une paix stable, basée sur des principes solides de sécurité pour Israël et ses habitants », a poursuivi le chef du gouvernement, dont la première rencontre en mai avec M. Obama à la Maison-Blanche avait mis au grand jour les divergences entre les deux hommes sur le processus de paix. Après le discours du président américain, M. Netanyahu s'était contenté de faire publier un communiqué dans lequel il exprimait l'espoir d'une réconciliation avec le monde arabo-musulman, tout en affirmant qu'il donnerait priorité à la sécurité d'Israël dans le cadre d'un éventuel accord de paix. « Israël veut la paix et fera tout ce qui est en son pouvoir pour élargir le cercle de la paix, tout en prenant en considération son intérêt national et en premier lieu sa sécurité », avait indiqué le communiqué publié par le bureau du Premier ministre, sans rappeler les positions qu'il avait lui-même développées. M. Obama a soutenu dans son discours la quête des Palestiniens pour leur Etat et jugé la situation des Palestiniens « intolérable ». Il a appelé Israël à cesser la colonisation dans les territoires palestiniens tout en soulignant « le lien inébranlable » entre l'Etat hébreu et les Etats-Unis. Lors de son voyage en Allemagne, qui a suivi ses visites en Arabie Saoudite et en Egypte, M. Obama a aussi affirmé qu'il souhaitait que les Etats arabes établissent « des échanges commerciaux et diplomatiques » avec Israël si l'Etat hébreu prenait des engagements fermes en faveur de la paix. Samedi en France, le président américain a estimé que l'« impasse actuelle » devait être « dépassée » par les Israéliens et les Palestiniens dont les destins sont « liés ». Sans attendre cette doléance qu'il avait au demeurant abordée avant même d'être élu, Barack Obama a souligné « qu'il est dans l'intérêt d'Israël, dans son intérêt sécuritaire et dans l'intérêt des Palestiniens de résoudre le conflit de manière pacifique ». M. Obama a souligné qu'il voulait que les Etats arabes prennent part au processus de paix au Proche-Orient. Et en ce qui concerne son émissaire pour le Proche-Orient, George Mitchell, il doit entamer la semaine prochaine une nouvelle tournée dans la région. « Nous allons essayer de mettre autant d'énergie que nous le pouvons » pour résoudre le conflit au Proche-Orient, a assuré le président américain. Le ton paraît modeste il est vrai, parce que le plus dur est à venir. Mais il était néanmoins important qu'Israël se mette à bouger, même si cela reste encore au stade de la diversion. Mais parce que Obama donne cette nette impression de vouloir mobiliser le monde en tenant les mêmes propos en Arabie, au Caire, en Allemagne et en France, Israël est en quelque sorte sommé de donner d'autre réponse que la simple obstruction. « Imposer une solution, si nécessaire » Le roi d'Arabie Saoudite, Abdallah Ben Abdelaziz, a appelé le président américain, Barack Obama, à agir pour « imposer une solution si nécessaire » pour le processus de paix au Proche-Orient. « Nous voulons que vous vous impliquiez sérieusement pour régler la question palestinienne et imposer une solution, si nécessaire », a déclaré le Saoudien à M. Obama, lors de leur entretien mercredi près de Riyad, selon ses propos rapportés par le quotidien arabe Al-Hayat. « Nous (les pays Arabes) voulons nous consacrer (...) à la préparation d'une génération qui soit capable d'affronter l'avenir par le savoir et le travail », a-t-il souligné. Le roi Abdallah a expliqué qu'un règlement de la question palestinienne « sera la clé magique pour résoudre tous les autres problèmes de la région ».Dans une initiative de paix d'inspiration saoudienne adoptée en 2002 à Beyrouth, les pays arabes avaient proposé à Israël une normalisation de leurs relations en échange de son retrait de tous les territoires arabes occupés en juin 1967.