Les consommateurs sont en train de bouder littéralement les viandes fraîches à Constantine. Certains bouchers de proximité végètent à longueur de journée dans l'attente hypothétique d'éventuels clients. Beaucoup envisagent tout simplement de se recycler, à partir du mois prochain, dans le créneau très en vogue des produits congelés. « Entre les marchands à la sauvette de Daksi, Bardo, Aouinet El Foul, Souika et ceux des marchés journaliers d'El Khroub et de Aïn Smara, qui bradent pour ainsi dire une viande (bovine, ovine et caprine) dépourvue de la moindre source de traçabilité, et les échoppes spécialisées dans le congelé, la rivalité est devenue ouvertement déloyale », nous précise un artisan boucher de quartier sis à Sidi Mabrouk, qui a une quarantaine d'années derrière lui dans ce métier. Il faut reconnaître que les revendeurs des produits congelés (viande rouge, poissons, fruits de mer, crustacés et légumineux) proposent un rapport qualité/prix défiant toute concurrence. L'on propose même un vaste choix de crustacés allant des crevettes décortiquées et prêtes à la consommation à celles de qualité supérieure, la royale, calamars en tube, rondelles de thon, crabes panés, cannellonis merlan panés Findus, frites de la Beauce française et choux de Bruxelles, salade Maresco, champignons, maïs et petits pois de Florence viennent égrener la longue litanie de ce large éventail des produits actuellement disponibles dans les murs de la Ville des ponts. Reste maintenant le problème « crucial » de la viande hachée à partir de celle congelée. Prohibée à la vente, elle « représente un réel danger sur la santé publique. Les consommateurs ne maîtrisent pas assez cet échelon de la chaîne du froid. Le procédé congélation-recongélation peut s'avérer hautement toxique pour qui n'en connaît ni les règles ni les rouages techniques », nous a signifié un contrôleur de la DCP locale (service de la répression des fraudes, du contrôle des prix et de la concurrence) en service commandé dans un quartier périphérique. Cependant, il faut avouer que la viande hachée demeure très prisée par la majorité des consommateurs. Même interdite, elle continue à être écoulée, surtout lors de la confection du plat gastronomique non moins prisé de la kefta. « Pour les huit membres de ma famille, ce mets me revient, morceaux de viande élagués de la graisse fort incommodante, à 850 DA. Chez notre boucher de quartier, je débourserai pas moins de 1500 DA, la qualité en moins », dixit une mère de famille rencontrée à la cité Emir Abdelkader (ex-Faubourg Lamy).