Les électeurs de la wilaya de Béjaïa ont, une nouvelle fois, été nombreux à bouder les urnes. 34,49 % seulement des 439 000 inscrits ont consenti à aller voter pour les APC, et seulement 31,43 % l'ont fait pour l'Assemblée populaire de wilaya (APW). Le taux est bien entendu supérieur à celui enregistré lors des dernières élections locales d'octobre 2002 qui, lui, s'était limité à un peu moins de 11% de participation. Le contexte n'étant pas le même, cependant - puisque les dernières locales ont été lourdement entravées par le mouvement des archs et boycottées par le RCD -, les observateurs préfèrent renvoyer la comparaison au scrutin local de 1997 qui a vu la participation et l'engagement de tous les acteurs politiques, dans un environnement autrement plus serein et plus dense politiquement que celui subi dans la région depuis les événements violents de 2001. Or, le taux s'était en 1997 borné également à dépasser le seuil des 50%, à l'issue d'un scrutin que l'on salue encore comme celui où l'on a le plus fait le plein. Pêle-mêle, la campagne fade, de l'avis même de certains cadres politiques désormais libérés de l'obligation de réserve, menée par les différents candidats et leurs supports, la composante peu consensuelle des listes proposées, le boycott répété des urnes ces dernières années, les mauvaises conditions météorologiques ayant caractérisé le jour du vote... sont des éléments d'explication que l'on tente d'avancer. Le cas qui retient le plus l'attention, chez les militants du FFS et du RCD à tout le moins, est celui de l'électorat au niveau de la ville de Béjaïa. Le chef-lieu de la wilaya se classe, en effet, en avant-dernière position en termes de taux de participation, avec seulement 18,96 %. Soit, juste avant la commune d'El Kseur (16,97 %) qui, elle, continue à faire exception et à subir des répliques lointaines des événements du printemps noir. Anomalies La tendance a été, dès le départ, relevée en données chiffrées, jeudi dernier, et appuyée par une ambiance pour le moins feutrée dans les rues de la ville. Point d'agitation aux alentours des centres de vote, où les quelques votants observés se rendaient individuellement, comme entre deux courses à faire. En début d'après-midi, au centre de vote installé au Théâtre régional de Béjaïa, le deux jeunes observateurs délégués par le FFS et le RCD nous apprennent que l'affluence a été trop faible la matinée et que les gens commençaient à peine à venir voter. Le souci est néanmoins relégué en dernier par la confusion induite par les bulletins de vote. Les bulletins se ressemblent et rien ne les distingue, à part l'intitulé intégral des partis politiques et des numéros affectés à la fin de la campagne électorale, s'agissant des indépendants. Point de tablettes également dans les isoloirs qui auraient aidé à faire le tri parmi les quatorze bulletins bleus représentant les listes candidates à l'APW, se plaint-on. Au sortir des bureaux, des électeurs « âgés » laissent éclater leur colère pour avoir voté « n'importe comment ». Dans les permanences du PT et du RCD, l'on signale même des confusions dans la disposition des bulletins. Ainsi, dans un bureau de vote à Ihaddadène, une bonne liasse de bulletins représentant la liste RND aurait été mêlée à la pile réservée pour la liste RCD. Des anomalies qui, cela dit, ne semblent pas tellement avoir pesé dans la dissuasion des électeurs pour qu'ils aillent glisser leurs bulletins dans l'urne. Les « pics » de participation sont venus d'une dizaine de communes à travers la wilaya, selon l'estimation donnée, hier en fin d'après-midi, par le wali de Béjaïa. Les villes de Tichy et de Tazmalt, avec respectivement 55,39% et 55,38%, se placent en tête. Deux localités à peine moyennes, à dimension urbaine, où la bataille a été pour le moins acharnée. A Tazmalt, où le revenant Smaïl Mira a effectué un retour gagnant avec El Moussalaha, une liste indépendante qui a ravi la majorité au FFS, la participation a dû compter sur la mise à contribution des alliances et des circuits claniques. Une donne également observée ailleurs, de moindre influence peut-être, mais qui prédomine toujours sur ce genre de joutes.