Sans grande surprise, les résultats des élections locales viennent confirmer la tendance en faveur de la mosaïque politique hissée le 17 mai dernier à l'Assemblée populaire nationale. Le FLN qui perd quelques sièges est toujours premier du classement et se voit suivi par son « ami rival » le RND qui, comme pour les législatives, a confirmé le maintien de cette position confortable. Le FNA vient encore une fois de créer la surprise en réaffirmant son implication dans un champ politique qui lui a été fermé jusqu'alors. Ils ont été 44,9% d'Algériens à se rendre jeudi dernier aux urnes afin d'élire leurs représentants au niveau des assemblées communales et 43,45% à exprimer leur voix pour l'élection des assemblées de wilaya. Les suffrages exprimés sur les 18 446 626 inscrits ont été de 7 252 057 pour les APC et de 7 022 984 pour les APW. Un niveau de participation jugé « excellent » par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales en prenant en ligne de compte le « temps infect » qui s'est abattu sur la partie nord du pays « handicapant l'opération de vote ». « Je salue le haut niveau de citoyenneté de ceux qui ont tenu à voter malgré les circonstances particulièrement difficiles », dira Yazid Zerhouni, qui estime cette fois-ci que les formations politiques en lice ont bien joué leur rôle de sensibilisation et de mobilisation des citoyens. Les résultats du vote confirment la pole position pour le FLN en fin de course électorale, avec l'obtention de 30,05% des suffrages exprimés, soit 4201 sièges et une majorité absolue dans 161 communes. Le FLN marque toutefois une baisse du nombre de sièges obtenus, puisqu'en 2002 il avait décroché 4878 sièges aux APC. Le plus vieux parti est aussi arrivé en tête pour les assemblées de wilaya en prenant 32,14% des suffrages prononcés, soit 630 sièges. Le RND arrive en seconde position avec 24,50% des voix exprimées pour les APC et 21,89% pour les APW, enregistrant ainsi une progression notable par rapport à 2002. Ce dernier accède à une majorité absolue dans 107 communes. La grande surprise du rendez-vous électoral du 29 novembre a été créée par le Front national algérien (FNA) qui a pu réaliser le score honorable de 1578 sièges de communes obtenus, soit 11,29%, contre seulement 532 sièges durant les dernières élections locales, et arrive à arracher 15 communes où il est majoritaire. Il réussit aussi à rafler 277 sièges APW contre 12 en 2002, bien devant le mouvement El Islah qui a enregistré cette fois-ci une baisse vertigineuse. Si le FNA a accédé à la troisième place pour les communales, il arrive en quatrième position pour les APW derrière le HMS qui obtient 294 sièges pour les wilayas et 1495 autres pour les communes. Le Parti des travailleurs arrive en cinquième position avec 958 sièges communaux et 179 autres sièges de wilaya, ce qui est en somme une ascension remarquable pour ce parti qui n'avait pas d'assises communales auparavant. Une nouvelle configuration sur le terrain politique devant lui permettre de gérer seul huit APC. Le RCD et le FFS partagent des records pratiquement identiques en décrochant la majorité dans 12 communes chacun. Ainsi, le RCD enregistre 605 sièges dans les APC, soit un score de 4,33%, contre 53 sièges dans les APW avec un taux de 2,70%. Le FFS collectionne, quant à lui, 566 sièges APC, soit 4,05% des suffrages exprimés, contre 54 sièges APW, soit 2,76%. Il marque ainsi une régression par rapport aux dernières élections locales où il avait obtenu 684 sièges. D'autres partis partagent, pour leur part, différentes positions en bas de course en obtenant peu de sièges. Les indépendants ont réussi la prouesse d'obtenir la gestion de 15 communes, contre une commune pour le PST, le MN et l'alliance de partis. Une loi sur le financement politique et sur la fiscalité locale Tout en affirmant qu'un climat serein a caractérisé le déroulement du scrutin de jeudi dernier, M. Zerhouni a déploré les perturbations ayant touché 17 localités et bureaux de vote « provoquées par des tendances perdantes ». « Ces incidents n'ont eu aucun effet sur l'opération de vote et de dépouillement », souligne le ministre devant la presse à l'hôtel El Aurassi. Le même responsable insiste pour dire que les bureaux de vote ont été ouverts au contrôle par les partis politiques à raison de 3 à 5 observateurs par bureau, « les résultats définitifs seront annoncés par les commissions de wilaya dans les 48 heures à venir et il restera aux formations politiques 48 heures autres pour faire des recours et attendre le verdict de la justice dans les cinq jours qui suivront », indique M. Zerhouni. Pour les cas de ballottage entre deux formations politiques, le ministre, qui se dit contre le choix du plus âgé des candidats comme moyen de les départager, annonce que des discussions sont en cours pour aboutir à une meilleure solution à ce problème. Interrogé sur la révision de la loi électorale, le chef du département de l'intérieur se dit opposé à une telle option pour le moment. « Tout le monde a constaté que cette loi assure un bon déroulement du scrutin, toutefois sa révision demeure inéluctable. » Pour M. Zerhouni, l'urgence réside dans la confection d'une loi qui encadre le financement de l'action politique et des partis. Il annonce en outre qu'un projet de loi est en préparation avec le ministère des Finances en vue d'aboutir à un meilleur contrôle de la fiscalité et financement au niveau local, en précisant que l'Etat s'engage à éponger les dettes des communes. 44% des élus ont moins de 50 ans La nouvelle configuration des membres des assemblées communales confirme un rajeunissement des élus. Ainsi, 44% des élus ont une moyenne d'âge en dessous de 50 ans contre 24% âgés de moins de 60 ans. Les nouveaux élus dont l'âge est inférieur à 30 ans représentent 2,46% contre 26,11% pour les moins de 40 ans. Par ailleurs, 35% des élus ont un niveau universitaire. Alger a faiblement participé La capitale a enregistré le plus faible taux de participation aux élections locales avec seulement 24,11% des électeurs inscrits à s'être rendus aux urnes pour les APC et 25,24% pour l'élection de l'APW. Ils n'ont été que 410 129 Algérois à avoir voté sur un total de 1 700 878 inscrits. Alger est suivie de Constantine avec un taux de 29,22% de votants et de Blida avec près de 30%. Le niveau le plus élevé de participation a été réservé à la wilaya de Tindouf avec plus de 70% de votants.