Louisa Hanoune a demandé au président Bouteflika de parler, de s'adresser au peuple, de dire quelque chose. La patronne du Parti des travailleurs (PT), qui a «normalisé» l'action de sa formation au point de se confondre avec les couleurs officielles, semble avoir changé de langage. Après avoir délaissé pendant longtemps ses revendications politiques au profit du discours économique idéologique, Louisa Hanoune reprend les demandes de l'opposition sur la nécessité d'autoriser les marches à Alger et d'ouvrir les champs politique et médiatique. Changement ? Evolution ? Ou souci de se replacer sur une scène politique qui commence à bouger comme une plateforme maritime secouée par la brise du soir ? Dans le camp des «souteneurs» de Bouteflika, il y a aussi le MSP de Aboudjerra Soltani qui «remet à jour» son discours. Récemment, Abderrazak Makri, un responsable de ce parti, a laissé entendre que «les gouvernants arabes sont arrivés à un degré avancé de corruption». Cette situation choque, selon lui, les Occidentaux. «Nous vivons un moment historique, un réveil du monde arabe, à sa tête la Tunisie suivie par l'Egypte, mené par des jeunes», a-t-il soutenu. Parle-t-il de l'Algérie ? Ces dernières années, le MSP n'a pas élevé la voix pour dénoncer l'incapacité de Bouteflika et du gouvernement de Ahmed Ouyahia à lutter contre la corruption et les détournements impressionnants d'argent public sous couvert de projets d'équipement public. Abderrazak Makri a curieusement plaidé pour la dissolution du Parlement et l'engagement d'élections législatives anticipées. L'Alliance présidentielle, dont le MSP fait partie, est-elle de cet avis ? Le FLN, qui se débat dans une profonde crise interne, ne craint pas de se ridiculiser devant l'opinion nationale en installant «un groupe de travail» pour «étudier» les situations en Tunisie et en Egypte. La chute du dictateur de Tunis et celle, prochaine, du maître du Caire méritent donc d'être «étudiées» par les «penseurs» de l'ex-parti unique. Le FLN s'est fait tout petit après l'effondrement de Ben Ali et les attaques de la population contre le RCD, le parti qui a dominé le pouvoir en Tunisie depuis plus de quarante ans. Il se trouve que le RCD tunisien ressemble beaucoup au FLN algérien. Même réflexes, mêmes idées, même panne. Fin décembre 2010, Abdelaziz Belkhadem n'a eu aucune honte de proclamer que le FLN resterait au pouvoir jusqu'en 2030. Un discours qui semble déjà «périmé» un mois après seulement. Dans une tentative de s'adapter au climat actuel, probablement à l'accélération de l'histoire, le FLN, qui refuse toujours de devenir autonome, a demandé à son groupe parlementaire de «chercher» sur le terrain «les préoccupations des citoyens» ! Autrement dit, la présence du FLN au gouvernement relève plus du décor que de la gestion collective des affaires de la nation. Les ministres ne sont-ils pas fortement payés par la communauté nationale pour justement prendre en charge «les préoccupations» des Algériens ? A moins que le FLN se moque de nous ! Qu'en est-il du RND ? Le parti de Ahmed Ouyahia semble changer de côté dans son profond sommeil. Les événements en Tunisie ? L'Egypte ? Non, le RND, qui ne sait pas s'il est de gauche ou de droite, ne dit rien. Les émeutes des jeunes Algériens, début janvier 2011, le RND, jadis rival du FLN, les a réduites à une «vulgaire» manipulation des «lobbies» du commerce. Le RND ira peut-être sur le pont guetter le sens des prochains vents. Le FNA de Moussa Touati est déjà dans les flots ! Ce parti vient de demander le respect du droit du peuple de s'exprimer en… toute liberté. Le FNA est soigneusement relayé par l'agence officielle APS. Une agence qui, depuis longtemps, ignore tout ce qui émane des politiques qui critiquent l'action du gouvernement et de la présidence de la République. Madha hadatha ? (Que se passe-t-il ?) Pour le FNA, réclamer l'organisation de marches populaires est «une revendication légitime qui s'inscrit dans le cadre de la liberté d'expression». L'opposition – partis, syndicats autonomes ou société civile – n'a pas cessé de le réclamer depuis des années sans être soutenue ouvertement par le FNA. Moussa Touati a même parlé de l'aspiration du peuple algérien au changement. On se place comme on peut… «La porte de sortie est de reconstituer une grande alliance arc-en-ciel réunissant les ‘anciens' et les ‘nouveaux' mouvements, en focalisant sur le cœur de la chose : comment renforcer le mouvement pour la transformation sociale, au-delà de ses batailles partielles, au-delà de ses clivages ? Car en Algérie, c'est fondamentalement la question du pouvoir. C'est la question d'un pouvoir constituant, hégémonisé par les subalternes, capable de manœuvrer, de déjouer les adversaires…», a proposé, de son côté, Ghazi Hidouci, ancien ministre. L'homme revient de très loin. Là, on se replace comme on peut…