L'abstention tend à prendre de l'ampleur et, de ce fait, elle doit être la préoccupation majeure de tout acteur politique sincère », nous a déclaré, hier, un militant politique à Chaâbet El Ameur, dans la wilaya de Boumerdès. Car, plus de 78% des citoyens inscrits sur les listes électorales, des deux communes concernées par les élections partielles de jeudi dernier, ont préféré rester chez eux. Jeudi déjà, de nombreux citoyens nous ont déclaré qu'ils préféraient « s'occuper d'autre chose ». L'argument politique s'ajoutant aux questions de la gestion des affaires de la commune, « le citoyen a suffisamment de raisons qui le poussent à ne pas s'exprimer dans les urnes », soutient-on. « Il y a également le manque de respect à l'égard de l'électeur. » « Tous les rendez-vous électoraux organisés jusqu'ici sont entachés d'irrégularités, de fraude. La souveraineté populaire n'est pas respectée », s'indignent beaucoup de citoyens. Un habitant de Beni Antas, dans la commune de Chaâbet, nous dira que « de nombreux villageois ont préféré aller cueillir les olives aujourd'hui ». Et s'ajouter : « Le chômage a cassé toutes les volontés, la misère s'est installée partout et aucun des candidats n'a pensé à un programme d'investissement et à la manière d'attirer les investisseurs afin de créer des postes d'emploi. » D'autres, au contraire, estiment que « voter, c'est déjà participer à la prise de décisions majeures qui engagent toute la commune. D'où la nécessité de porter son choix sur les meilleurs candidats ». Mais, à 10h, le taux de participation à Chaâbet El Ameur n'était que de 2,02%. A 15h, 13%. L'inquiétude se lisait sur les visages des militants du FFS et du RCD notamment. A Naciria, on ne se bousculait pas non plus dans les bureaux de vote. De 6% à 10h, le taux de participation passe à 18% à 15h, pour atteindre 24,24% à la fin du scrutin. Là aussi, on avance différentes lectures sur cette défection. « La gestion désastreuse du FFS, ces deux dernières années, et du RCD avant lui, le peu de temps qu'auront les élus (18 mois) et, surtout, les promesses que ne tiennent pas les candidats sont derrière la défection des jeunes », pour reprendre la déclaration de Belkacem Ben Ameur, tête de liste du parti d'Aït Ahmed. « Elle est si grave qu'il faudra trouver des moyens pour y remédier dans l'immédiat », pense-t-on encore au RCD qui, tout comme le FFS, se voit bousculé dans son fief par le FLN, qui a arraché 3 sièges à Naciria. Autant que les partis d'Aït Ahmed et de Sadi. Pour faire face à cette « démobilisation », le FFS envisage « une redynamisation de (ses) structures avec des militants engagés et politisés ». Dans les 2 communes, les citoyens affirment que « la balle est désormais dans le camp des élus ». « Qu'ils nous prouvent qu'ils sont dignes de la confiance que nous avons placée en eux », a dit un habitant de Chaâbet El Ameur, où l'on a renouvelé la confiance à l'ex-P/APC d'obédience FFS. A Naciria, « on craint que cette mosaïque issue de la consultation (3 sièges pour chacun des partis FFS, RCD et FLN) ne voit un obstacle dans l'exercice du pouvoir local ». Si le HMS, le PT, le FNA et l'NPL n'ont obtenu aucun siège dans les deux communes, le RND, lui, a été gratifié de 2 sièges.