Considérée déjà comme une conclave coupée du reste de l'Algérie, la résidence d'Etat du Sahel de Club des Pins vient de se doter d'une nouvelle loi régissant la sécurité et la vie à l'intérieur de cet «espace». Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a signé le 21 décembre dernier le décret exécutif n°10-316 «instituant et délimitant le périmètre de protection de la résidence d'Etat du Sahel». Un décret que certains qualifient de tentative de division du territoire national ! Le décret a pour objet «d'instituer un périmètre de protection de la résidence d'Etat (…), de délimiter son contour et de fixer les règles de sûreté». Cet espace est placé sous l'autorité du wali d'Alger : «Un plan de sécurité est élaboré sous l'égide du wali en concertation avec le directeur de la résidence ainsi que les services de sécurité.» Désormais, il est interdit dans les zones sensibles situées à l'intérieur du périmètre établi «de pratiquer des activités de pêche, de baignade, de plongée sous-marine, de sports nautiques, de survol par parachute». Par ailleurs, cette décision des autorités pourrait ouvrir la voie à de nouvelles dérives : «Toute construction, installation ou activité implantées à l'intérieur et qui pourraient constituer un danger pour la sécurité de la résidence peuvent faire l'objet de transfert, de délocalisation, de modification ou de démolition», avertit le Premier ministre. Le périmètre de sécurité s'étend aussi aux zones limitrophes, ainsi «les constructions illicites et les habitations précaires à l'intérieur du périmètre de protection doivent faire l'objet de démolition». Si pour l'instant, le décret n'est pas encore effectif sur le terrain, les prochains jours risquent d'en révéler les conséquences de sa mise en application. Pire, même la flore n'échappe pas au décret : «Les activités agricoles et les cultures arboricoles exercées ou implantées au niveau du périmètre de protection ne doivent pas constituer une menace ou une nuisance pour la résidence d'Etat du Sahel», précise le document. Autrement dit, il est interdit la plantation d'arbres et autres plantes aux alentours. Au chapitre de la circulation, elle est réglementée par l'autorité administrative et les services de sécurité. En d'autres termes, la résidence d'Etat demeure interdite aux citoyens algériens.