C'est l'une des plus importantes opérations de démantèlement de réseaux terroristes internationaux en liaison avec le GSPC ou Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) que les services de sécurité viennent de mener dans les maquis de Batna. Elle lève le voile sur une relation devenue de plus en plus avérée entre les phalanges du GSPC et celles de Oussama Ben Laden. En effet, selon des sources sécuritaires, tout a commencé avec cette information fournie par des repentis sur le projet de ralliement d'un terroriste mauritanien des plus notoires, Brahim Ould Mohamed Ould Na, plus connu sous le sobriquet de Abou Anes Echenguitti, en qualité de mufti (exégète) à la direction du GSPC, dans le but de multiplier les attentats et de redéployer «l'action armée» sur le terrain. Imam de formation, faisant partie du groupe salafiste mauritanien, il avait joué un rôle important dans le recrutement des jeunes de son pays pour les convoyer vers l'Irak. En relation directe avec Oussama Ben Laden, il aurait, selon les services de sécurité, été instruit par ce dernier pour orienter ses actions vers le renforcement du recrutement massif de jeunes Mauritaniens dans les rangs des phalanges du GSPC, avant de recevoir l'ordre de rejoindre la katibat Al Moulathamoune dirigée par Mokhtar Belmokhtar, dit Abou Al Abbes ou Belaouer, puis celle Tarik Ibn Ziyad de Abou Zeid, qui évoluent toutes deux au nord du Mali. Sa mission était d'endoctriner les jeunes recrues pour mener des attentats kamikazes et des enlèvements d'Occidentaux. Grâce à ses contacts privilégiés avec l'organisation de Oussama Ben Laden, il aurait réussi à se faire accepter en tant qu'officier exégète et membre du «conseil des sages» (Ahl Al Aqd), deux instances névralgiques du GSPC, une organisation à laquelle il va donner une dimension internationale à travers le ralliement massif d'étrangers, surtout des Mauritaniens, devenus de plus en plus prédominants au Sahel. En 2008, il se déplace en Algérie et séjourne dans les maquis de Tébessa, puis de Batna, où il procède à la réorganisation des groupes terroristes dans les deux régions. Il devait rejoindre le refuge de Droukdel lorsque les services de sécurité l'ont arrêté où souricière lui a été tendue, vers la fin de la même année. Ses révélations vont lever le voile sur la nouvelle stratégie d'Al Qaîda non seulement en Algérie, mais également en Europe, notamment en France, par l'intermédiaire de l'acheminement (vers ce pays) d'un terroriste du nom de Debchi Mustapha, dit Abou Mohamed Al Othmani, qui avait rejoint le maquis en mai 2008. Originaire de Constantine, jeune ingénieur d'Etat en électronique, maîtrisant parfaitement l'anglais, le français et l'arabe ainsi que l'outil informatique, il avait été chargé de l'information de la zone sud du GSPC, avant d'être désigné par Droukdel pour mettre en place de nouvelles cellules terroristes en Europe, qu'il s'apprêtait à rejoindre à partir du port de Annaba avant qu'il ne soit arrêté. Ses aveux aux forces de sécurité, tout comme ceux de Abou Anes, vont permettre l'identification et l'arrestation d'une grande partie des membres de l'organisation activant en Algérie, dont deux ressortissants mauritaniens, Mohamed Yahia Ould Khaitari dit Abou Zakaria Echenguitti, un berger mauritanien recruté en 2007 ayant rejoint le camp d'entraînement des terroristes situé à Al Maghit (au Mali) avant de se rendre, en 2008, au maquis d'Oustili à Batna, ainsi que Abdellah Ould Ahmed Ould Andjiya dit Salah Abou Al Arkam Echenguitti, un fondamentaliste sorti en 2005 d'une école coranique de Nouakchott et recruté en 2006 par un de ses compatriotes puis conduit par un terroriste malien vers In Khallil (au Mali), et un camp de terroristes du Sahel où il a subi une formation paramilitaire avant de rejoindre Djebel Labiodh de Tébessa vers 2007 ; en 2008, il est transféré vers les monts de Batna jusqu'à son arrestation. Les douze autres terroristes algériens arrêtés lors de cette opération sont Hamadouche Aïssam dit Abou Hareth, actif depuis mai 2008 ; Djouad Ahmed dit Abou Ibrahim Al Wahrani, dans les rangs depuis juin 2006 ; Hamdane Khaled dit Abou Kaakaa El Wahrani, ayant rallié le GSPC en 2005 ; Chouikhi Djillali dit Abou Dher Lemdani, recruté en 2006 ; Besseghir Fethi dit Zoubir El Wahrani, recruté en 2006 ; Selmane El Yakouti, dans les rangs du GIA en 1995 avant de rejoindre le GSPC et membre de la direction de la katibat El Forkane qui évolue à Batna ; Lasbahani Djamel dit Abou Abdellah Al Wahrani, recruté en 2006 ; Mettouche Nasreddine dit Okacha Abou Al Bara, recruté en 2006 ; Khalkhal Mokhtar dit Yahia Abou Koutada, membre du GIA en 1994, avant de rallier le GSPC, chargé de l'atelier de confection des engins explosifs au sein de la phalange El Fath El Moubine ; Menzer Zine El Abidine dit Abou Yasser El Othmani, recruté en 2006. Les informations fournies par ces derniers aux services de sécurité aident à identifier 211 terroristes du Mali, Libye, Mauritanie, Tunisie, Soudan, Maroc, Nigeria, Guinée-Bissau et du Burkina Faso qui font partie d'Al Qaîda activant au Sahel. Elles mettent également en exergue les connexions avérées du GSPC avec d'autres organisations terroristes internationales, affiliées ou proches d'Al Qaîda de Ben Laden, parmi lesquelles Boko Haram du Nigeria, dirigée par Abou Bakr Chikou, le mouvement somalien Harakat Chabab Moudjahidine dont le chef est un certain Abou Zoubeir, qui auraient, selon les aveux des terroristes arrêtés, bénéficié de l'appui logistique du GSPC à travers des formations paramilitaires et des aides financières mais aussi de l'armement acquis grâce aux rançons. En outre, les mêmes sources affirment que l'important lot d'armement récupéré sur les terroristes arrêtés se compose de 14 pistolets-mitrailleurs kalachnikov, un fusil semi-automatique, 38 chargeurs, 8 lamelles, 3 engins explosifs, 8 grenades, 1850 cartouches de munition ; en outre, 21 téléphones portables, 33 cartes SIM, 2 paires de jumelles, 3 bouteilles de mercure, 2 plaques photovoltaïques, des médicaments et une somme de 126 995 DA ont été confisqués. D'autres lots d'armement ont été récupérés par les services de sécurité à l'issue de l'assaut donné aux refuges localisés dans les maquis de Taghda à Batna. Il s'agit d'un lance-roquettes RPG 2, 4 roquettes, un Dictariov avec chargeur, un fusil-mitrailleur kalachnikov, un Fal de type Hristal avec chargeur, un fusil à pompe, une Mat 49 avec chargeur, 7 engins explosifs, 81 détonateurs, 5,5 mètres de cordon détonateur, 70 kg de nitrate d'ammonium, 40 kg de produits chimiques servant à la confection de bombes, 2000 cartouches de divers calibres, 3 postes radio et une paire de jumelles. C'est pratiquement le coup de grâce que les forces de sécurité ont donné à l'organisation terroriste, qui se voit ainsi privée de ses plus importants appuis….