L'été aura été marqué par une intensification de la lutte antiterroriste sur tous les fronts : ratissages, encerclements, bombardements. Les bases arrière du GSPC ont été durement touchées. Si la saison estivale aura été moins critique que la précédente en matière d'attentats et d'actes terroristes, la lutte antiterroriste, elle, s'est accentuée, montant crescendo. Le durcissement est perceptible. Depuis le 5 juillet dernier, date à laquelle le président de la République usant de sa qualité de chef suprême des forces armées a instruit l'état-major de l'ANP sur l'intensification de la lutte antiterroriste, l'ensemble des forces de sécurité est sur le pied de guerre. L'ANP mène depuis des semaines des opérations majeures dans toutes les bases arrière du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), devenu depuis son ralliement à l'organisation terroriste d'Oussama Ben Laden al-Qaïda au Maghreb islamique. Est, Ouest, Centre et Sud. Autant de fronts ouverts sur tout le territoire national, avec une coordination interrégions militaires accentuées et une adaptation du schéma organisationnel sur le terrain. Le chef d'état-major, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, a supervisé le lancement des offensives et opérations, notamment à Jijel. Certaines de ces opérations ont permis l'élimination d'éléments terroristes à Tébessa, le démantèlement de plusieurs camps d'entraînement entre Khenchela et Tébessa, un autre à El-Oued, et enfin un spécifique aux mineurs à Thénia. D'autres opérations se poursuivent toujours. Au Centre, les massifs de Tizi Ouzou, Yakourène et Tamgouth connaissent un vaste ratissage depuis des semaines avec l'encerclement d'un groupe terroriste. Bombardements et ratissages, les gros moyens sont déployés pour en venir à bout. Ce ratissage aura permis la destruction d'un camp d'entraînement dans l'Akfadou et de plusieurs casemates. À l'Est, l'armée qui s'est déployée entre Jijel, Skikda et Colo, encercle un groupe terroriste qui viendrait des maquis de Béjaïa. À l'Ouest, les monts du Mizab près de Tlemcen connaissent la même situation. Le GSPC a subi, selon les services de sécurité, des pertes importantes, que ce soit d'éléments humains, de bases de repli ou réseaux logistiques et de soutien. Il enregistre un nombre important de redditions, même si le chiffre est encore inconnu. Des dissensions internes, accentuées par l'élimination de plusieurs “émirs” ou chefs de groupe par les forces de l'ordre ainsi que par des tractations pour la reddition de certains chefs, à l'image de Mokhtar Belmokhtar, responsable de la phalange Sahara du GSPC, laminent d'autant plus l'organisation de Abdelmalek Droukdel alias Abou Moussab Abdelwadoud, que son ralliement à Al-Qaïda et la radicalisation des actions terroristes menées, principalement le recours aux attentats kamikazes, sont difficilement acceptables. Le GSPC est pour nombre d'analystes en perte de vitesse. Face à ses pertes, le GSPC peine à recruter de nouveaux éléments. Benmessaoud Abdelkader, alias Mossâab Abou Daoud, ancien responsable de la zone sud qui s'est rendu, il y a plus d'un mois, apporte un éclairage interne et édifiant sur l'organisation terroriste. Il a d'ailleurs lancé un “appel à la repentance” à ses anciens acolytes. Le GSPC a reconnu dans un communiqué des faiblesses et des “difficultés structurelles” l'obligeant à une nouvelle réorganisation de ses éléments loin des schémas habituels. Abdelmalek Droukdel a même revendiqué, tout en s'excusant, l'attentat perpétré contre l'ancien “émir” de l'AIS, Mustapha Kertali. Autant de facteurs qui étayent pour nombre d'observateurs une situation interne chaotique de l'organisation terroriste, et justifient peut-être les différents appels à la reddition lancés ces derniers jours, que ce soit par des repentis du GSPC ou même par les anciens chefs de l'AIS. Pour autant, la lutte antiterroriste menée ces dernières semaines ne risque pas de s'atténuer. D'autant que le mois du Ramadhan approche à grande vitesse. Le GSCP a d'ores et déjà annoncé son intention de perpétrer des actions terroristes durant cette période. Un mois sous haute tension mais également sous haute surveillance. En matière sécuritaire, il n'y a pas de rentrée. Juste une continuité de ce qui a précédé. Samar Smati