Niet ! Les autorités rejettent officiellement la demande d'autorisation de la marche du 12 février à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). «En application des textes réglementaires en vigueur, un refus a été notifié aux auteurs de cette demande», affirme la wilaya d'Alger dans un communiqué rendu public hier. Cette administration représentant le ministère de l'Intérieur innove cette fois-ci. Après avoir refusé, à maintes reprises, des demandes d'autorisation pour l'organisation de colloques initiés par la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) et des syndicats, le wali d'Alger invite les membres de la CNCD à tenir leur manifestation dans la plus grande salle de la capitale, en l'occurrence la Coupole. «La manifestation peut être tenue dans l'une des différentes salles de la capitale, y compris dans la coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf, d'une capacité de 10 000 places», précise encore ce communiqué. Toutefois, la wilaya d'Alger ne cite pas dans son document les références de ces «textes réglementaires» qui font de la capitale une citadelle fermée à toute manifestation publique ni la date de leur entrée en vigueur. Le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia et le vice-Premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni, ont motivé l'interdiction des marches à Alger par «la malheureuse expérience du 14 juin 2001» en faisant référence aux incidents enregistrés après la marche des archs de Kabylie qui avait drainé des milliers de personnes. De quel texte parlent alors les responsables de la wilaya d'Alger ? S'agit-il de l'état d'urgence ? Dans une récente interview accordée à El Watan, le président de la Laddh dénonce «l'interdiction arbitraire des marches dans la capitale». Selon lui, «il n'y a aucun texte de loi qui interdit les marches à Alger». Et d'ajouter : «Le maintien de l'état d'urgence est anticonstitutionnel.» Décrété le 9 février 1992, l'état d'urgence devait être levé au bout de 12 mois. La mesure est toujours maintenue. En tout cas, la décision des autorités ne semble pas influer sur la détermination des membres de la CNCD. Contacté hier après-midi, le chargé de communication du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), Mourad Tchicou, estime que la décision de la wilaya d'Alger n'est pas une surprise : «Nous n'avons jamais reçu d'autorisation et nous savions que la demande sera rejetée. Nous l'avons formulée pour respecter les procédures réglementaires, sans plus.» Tout en formulant cette demande d'autorisation, explique-t-il, les membres de la CNCD avaient déjà pris la décision de marcher. «La notification de la wilaya d'Alger ne changera rien. Notre marche est maintenue», ajoute-t-il. Selon lui, les représentants de la Coordination tiendront, aujourd'hui, une réunion pour définir la marche à suivre.