La banlieue s'est-elle imposée comme l'un des thèmes essentiels pour la présidentielle de 2007 en France ? Le Premier ministre français et son ministre de l'Intérieur rivalisent de projets. Si Nicolas Sarkozy se retrouve enfermé dans son uniforme de policier, Dominique de Villepin veut s'imposer comme un homme de dialogue. « Si la crise que nous avons connue n'avait pas de caractère interethnique, de dimension religieuse, nous savons que le risque existe, nous le voyons autour de nous dans le monde d'aujourd'hui. Le risque existe que certaines situations s'enveniment. Nous avons donc un devoir de vigilance, d'anticipation. La crise nous oblige à apporter ces réponses, nous oblige à aller beaucoup plus loin, à dépasser les réponses habituelles parce qu'il y a urgence », explique le Premier ministre Dominique de Villepin. Il présentera prochainement en Conseil des ministres sa loi sur l'égalité des chances qui aura trois priorités : l'éducation, le logement et la lutte contre les discriminations. Dominique de Villepin s'est employé une nouvelle fois à mettre en garde sa majorité contre la tentation de tomber dans les amalgames et de n'apporter à la crise des dernières semaines qu'une réponse sécuritaire. Son approche se veut plus volontariste, plus sociale. Et se démarque de la vision répressive de son ministre de l'Intérieur, qui s'emprisonne de plus en plus dans sa caricature du premier flic de France. « La première cause du chômage, de la désespérance, de la violence dans les banlieues, ce n'est pas la crise économique, ce ne sont pas les discriminations, ce n'est pas l'échec de l'école. C'est le trafic de drogue, la loi des bandes, la dictature de la peur et la démission de la République. La réalité, c'est que les banlieues se sont embrasées, notamment parce que nous avons entamé une action de démantèlement des bandes », analyse, sous les applaudissements de ses partisans, Nicolas Sarkozy. Il muscle son discours au grand plaisir de sa droite la plus conservatrice. Pour le ministre de l'Intérieur, le modèle social français est à bout de souffle, prônant une politique plus libérale. Un discours qui dénote avec la volonté affichée par le gouvernement d'apaisement social. Tout en pourfendant la discrimination positive qu'il assimile à des quotas ethniques, Dominique de Villepin, soutenu par Jacques Chirac, entend occuper le terrain social. « Il faut qu'il y ait une vraie égalité des chances dans notre pays. Ces principes républicains, dont nous sommes fiers, doivent être vécus », note-t-il. La future loi passe, selon lui, par la création d'une agence de la cohésion sociale et de l'égalité des chances, ainsi que du service volontaire. La possibilité d'entrer en apprentissage dès 14 ans, et non plus à 16 ans, pourrait également faire partie du projet de loi. Il a par ailleurs annoncé que tous les jeunes des 750 zones urbaines sensibles auraient droit dans les trois mois à un « entretien approfondi » avec l'ANPE, agence de l'emploi, la création de 100 000 bourses au mérite à la rentrée 2006, contre 30 000 actuellement, et l'ouverture de 10 « internats de réussite éducative ». Il a aussi mis en cause la concentration et l'urbanisme. Dominique de Villepin met l'accent sur l'importance d'un habitat à taille humaine, réaffirmant que dans tous les quartiers ayant bénéficié d'une rénovation urbaine, les choses « se sont mieux passées » lors des émeutes. Des petits immeubles contre les tours. Dominique de Villepin contre Nicolas Sarkozy.