La police, venue en force, s'est gardée d'intervenir durant toute la journée d'hier. Des logements à Mohammadia et à Bachjarrah ont été squattés dans la nuit de vendredi et dans la journée d'hier. Des familles ont forcé les portes d'une dizaine d'immeubles de ces sites inoccupés. La police, venue en force, s'est gardée d'intervenir durant toute la journée d'hier. Les accès aux sites ont été occupés par les forces antiémeute, mais cela n'a pas empêché que des familles viennent renforcer les rangs des squatteurs. Des échauffourées ont éclaté à Mohammadia lorsqu'un groupe de jeunes a essayé de squatter la vingtaine de logements restés inoccupés hier encore. Les familles venaient des sites voisins de Bachdjarrah, Sorecal (cité du 8 Mai) et même de plus loin, de la cité Tribou ou encore du centre-ville de la capitale. «Le téléphone arabe a bien fonctionné. Les gens, sentant que la police était occupée à matraquer des manifestants, se sont installés sans qu'ils soient gênés par une quelconque autorité. Ils ont appelé leurs connaissances qui sont venus renforcer l'effectif des squatteurs. Ils sont maintenant plus de 200 à occuper ces appartements», relève un riverain des Bananiers, habitant du site AADL limitrophe des logements sociaux. Même situation à Bachjarrah où des logements ont été occupés dans la matinée d'hier. «Les habitants ont forcé les logements de la cité des Orangers. Il y a sur le site des logements sociaux et LSP. Instruction a été donnée aux policiers d'éviter de les déloger. Leurs collègues avaient fort à faire sur la place du 1er Mai où se trouvait le gros de l'effectif», nous assure un habitant. Les résidents assurent qu'«ils sont dans leur droit». «J'ai occupé une cave de la cité sociale des Bananiers. La police nous en a délogés. Moi, je n'ai pas où aller. Bouteflika a parlé de nous donner un logement décent. On occupe ce qu'il y a à occuper», affirme M. Lakhadri. Le squatteur ajoute qu'il habite un F3 à Sorecal (Bab Ezzouar). «Nous occupons, depuis 1982, un logement à Sorecal. La famille a grandi, nos soucis aussi. A présent, nous sommes 27 à vivoter dans un cagibi infect. Les dossiers déposés à l'APC de Bab Ezzouar n'ont pas été pris en charge», se désole M. Lakhadri, venu occuper un appartement avec sa femme et ses frères, tous mariés. Les squatteurs de Mohammadia affirment que le site a été laissé vide «à dessein». «Le site est resté vide alors qu'il a été inauguré en 2008 par le président de la République lui-même. Une partie seulement a été occupée, l'autre partie a été laissée vide. Des mauvaises langues nous ont dit que ces logements sont réservés à des gens de la présidence ou même des pompiers», relèvent les squatteurs, qui ont fermé les entrées des immeubles avec des barres de fer. Des résidants dénoncent les agissements des squatteurs qui «profitent de la situation délétère». «C'est indigne d'un citoyen. Ces gens-là ont profité de la situation de troubles pour occuper des logements alors qu'ils en ont bénéficié par le passé. Certains ont bénéficié de logements AADL, d'autres ont construit des baraques», constatent des riverains. Les walis délégués se seraient, affirme-t-on, déplacés sur place. «Un groupe de protestataires a même été reçu par le responsable d'El Harrach. Mais il veut juste nous leurrer», assurent les squatteurs. D'après des sources sécuritaires, les logements seront libérés dans les prochaines heures. Dernièrement, des chalets ont été occupés à Boubsila (Bourouba) et les occupants ont pu être délogés.