L'APC de Gué de Constantine fait face à des opérations de squattage de logements inoccupés par les familles occupant les bidonvilles. La dernière tentative a eu lieu durant les deux dernières semaines. L'incident était des plus spectaculaires, mais il a été circonscrit à temps au point d'être étouffé dans l'œuf. Les faits remontent à la fin de mai, dans la nuit d'un jeudi à vendredi, le projet des 54 logements implantés au chef-lieu communal, à quelques pas du siège de l'APC, a été la cible d'une opération de squattage. Les logements sont fermés depuis une dizaine d'années à cause d'un litige qui oppose l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) de Bir Mourad Raïs à l'entreprise de construction. Voyant là une chance inespérée d'avoir un toit à moindres frais, des familles venues des quartiers inférieurs de Semmar qui relève de la même commune, ont investi les lieux durant la nuit. Elles avaient défoncé les portes et se sont installés dans les bâtiments. Le séjour de ces familles n'a pas duré plus d'une nuit. Le président de l'APC, habilité à réquisitionner les forces publiques, aurait immédiatement fait appel aux services de sécurité. «Les indus occupants ont été délogés le vendredi après la prière», témoigne un habitant au fait de l'actualité communale. Appuyée par les troupes antiémeute, la police a procédé à l'évacuation des lieux par la force. «Toutes les familles ont été délogées, mais il y a eu des arrestations parmi les squatteurs», ajoute-t-on. En fait, les policiers ont été agressés par deux personnes qui n'ont pas apprécié le fait qu'ils soient délogés du site. Pis, durant leur intervention, les policiers auraient établi une liste des personnes se trouvant sur place au moment des faits. Cette liste n'a pas servi à dresser une autre liste des bénéficiaires de logements à distribuer, mais elle aurait été transmise au procureur de la République territorialement compétent. «Plusieurs personnes listées ont été déjà convoquées par le procureur afin qu'elles répondent de leurs actes devant la justice», révèle cet habitant. En réalité, ce n'est pas la première fois que la commune de Gué de Constantine est secouée par des événements pareils. Les squatteurs des 54 logements du chef-lieu ont été très probablement encouragés par le squattage, toujours en cours, de la cité des 750 logements du chef-lieu. Les travaux de ce chantier ont commencé en 1989 sous la formule «APC-Cnep» en vogue à l'époque, mais qui n'a plus cours maintenant. En 2000, le chantier, à l'arrêt, a été investi par des indus occupants. Au moment des faits, l'APC n'avait pas bougé le petit doigt et les vrais bénéficiaires, réunis actuellement autour de « l'association des 750 logements» ont porté l'affaire devant la justice. Entretemps, les appartements ont changé plusieurs fois de main. En 2007, les indus occupants ont à leur tour constitué une association pour demander à ce que les autorités les régularisent sous prétexte qu'ils occupent les lieux depuis des années et qu'ils paient normalement leurs factures d'électricité. Ce problème est toujours pendant. Le squat des logements à Gué de Constantine cache mal un fléau des plus dramatiques. En fait, les services de la wilaya ont annoncé avoir recensé quelque 40.000 baraques où vivent environ 200.000 âmes. Sur les 40.000 baraques répertoriées, 10.000 sont implantées sur le vaste territoire de la commune de Gué de Constantine. Ramli I et II sont au final les bidonvilles les plus réputés dans la capitale. Ils sont la source de tous les maux sociaux qui empoisonnent la vie des habitants «légaux». Les opérations de squat risquent de se répéter sachant que le programme des 35 000 logements inscrit par la wilaya en 2007, pour recaser les occupants actuels des bidonvilles, n'a pas encore connu un début de réalisation.