Le pouvoir algérien, sur la défensive, multiplie lui aussi, ces derniers temps, les signes d'apaisement pour contenir la colère de la population. Une semaine avant la marche du 12 février à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), le pouvoir a annoncé des mesures sociales et administratives en faveur des citoyens, comme il a fait part de décisions politiques. S'exprimant lors d'un conseil des ministres, le chef de l'Etat a annoncé que l'état d'urgence, en vigueur depuis 1992, sera levé «dans un avenir proche» et serait remplacé par une loi qui permettra à l'Etat de poursuivre sa lutte antiterroriste jusqu'à son terme. Des critiques, des interrogations et surtout beaucoup de réticences ont suivi cette annonce. Les partis de l'opposition et les syndicats autonomes n'y croient pas trop. De leur avis, le chef de l'Etat doit situer dans le temps la levée de cette restriction : «Le proche avenir peut être dans une semaine, dans un mois, ou bien dans trois ans ! Bouteflika doit fixer la date !» Sans attendre, le ministre de l'Intérieur réplique en annonçant, deux jours après, l'installation d'une commission nationale chargée d'élaborer des lois nécessaires pour la levée de l'état d'urgence. Celle-ci est composée de représentants des ministères de l'Intérieur, de la Justice et de la Défense nationale. La levée de l'état d'urgence peut intervenir, selon nos sources, incessamment. Indéniablement, le pouvoir tente de lâcher du lest, mais pour certains observateurs, les décisions prises par le chef de l'Etat en Conseil des ministres et celles qui vont suivre dans les prochains jours sont, au-delà de l'effet d'annonce, destinées à absorber le malaise ambiant sans pour autant s'attaquer au fond des problèmes posés. Pour preuve, en dépit de l'engagement public du président de la République d'améliorer les conditions de vie des citoyens, la distribution de logements, l'amélioration des services de l'administration ainsi que les mesures en faveur de l'emploi et des jeunes sont un échec. La population, à l'échelle nationale, continue de montrer des signes de colère, les tentatives d'immolations par le feu se sont poursuivies, des mouvements de protestation, des débrayages, des sit-in sont organisés un peu partout à travers le pays. A la colère des travailleurs et des fonctionnaires s'ajoute celle des chômeurs. A l'origine de toute ces colères, une seule cause : la mal-vie. Au lendemain de la marche initiée par la CNCD, l'on murmure que le pouvoir va agréer les partis politiques qui n'ont cessé de revendiquer leur régularisation; il s'agit, entre autres, du FD de Sid Ahmed Ghozali, du PLJ de Mohamed Saïd... Sur cette question, l'ancien Premier ministre, Sid Ahmed Ghozali, parle d'intox : «Nous avons déposé notre demande d'agrément il y a onze ans n'ayant pas reçu de réponse dans les deux mois qui ont suivi nous avons considéré notre parti comme agréé. Toutefois, le gouvernement a violé les lois de la République en nous interdisant d'activer de facto.» M. Ghozali estime que la démarche du gouvernement concernant l'agrément de nouveau partis politiques ou des journaux est destiné particulièrement à la consommation externe.