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«Le rendement par vache ne dépasse pas 12 litres/jour en Algérie »
Pr Iguer-Ouada Mokrane. Spécialiste en reproduction animale
Publié dans El Watan le 14 - 02 - 2011

Le professeur Iguer-Ouada Mokrane est doctorant à la faculté vétérinaire de Liège, (Belgique). Auteur de plusieurs publications dans des revues scientifiques internationales, il est actuellement maître de conférences à l'université de Béjaïa. Dans cet entretien, il affirme qu'avec le cheptel actuel en vaches dont disposent nos fermes laitières, l'Algérie peut augmenter sa production de lait de 30%.
- Les Algériens consomment près de 4 milliards de litres de lait chaque année, mais nos élevages ne couvrent même pas le tiers de cette consommation. Que faut-il faire pour satisfaire la demande nationale en lait et mettre un terme aux importations de la poudre de lait qui ont atteint 800 millions de dollars en 2010 sans compter la facture des subventions ?
La problématique «lait» n'a en effet jamais quitté l'actualité algérienne et ce depuis l'indépendance. Certainement beaucoup d'efforts ont été consentis par les différents acteurs de la filière et font qu'aujourd'hui la consommation par habitant et par an est la plus élevée des pays du Maghreb. Un ensemble d'indicateurs et de paramètres liés à la filière lait comme les quantités importées tant en lait qu'en vaches n'ont fait qu'augmenter au cours du temps. Cependant, ce qui est resté constant durant toutes ses années, ce sont les performances de production dans nos fermes. Aujourd'hui encore, nos performances restent proches de celles obtenues durant les années cinquante dans les pays qui sont aujourd'hui de grands producteurs de lait. La production par vache et par jour en Algérie est aujourd'hui en moyenne de l'ordre de 12 litres, c'est-à-dire presque ce que produit une bonne chèvre laitière. A la question que faut-il faire pour que les éleveurs laitiers arrivent à satisfaire la demande nationale, la réponse ne peut être que longue, car il est ici question de toute une stratégie de production, mais qu'il est cependant possible de résumer sous deux volets: politiques de soutien à la production et mesures techniques au sein même de l'exploitation. Ce dernier volet de soutien technique reste le point faible de toutes les initiatives mises en place, même si certaines mesures notamment celles concernant le soutien à la production fourragère ont été entreprises, et c'est justement sur ces mesures techniques que nous allons nous attarder. Les mesures à prendre peuvent être classées en court, moyen et long termes. Elles sont la conséquence directe de l'ensemble des résultats de diagnostics effectués par les universitaires et chercheurs algériens dans les exploitations bovines. Les résultats indiquent qu'il y'a des freins à la production liés à l'éleveur, à la ferme, à la vache et aux pratiques d'élevage.
- Dans les pays développés, une vache laitière produit 60 litres/jour. En Algérie, la moyenne de la production est de 12 litres/vache. Pourquoi ?
Nous ne sommes pas obligés d'inventer quelque chose. Il suffit d'étudier l'histoire de la production laitière dans les pays développés pour comprendre ce qu'il faudrait entreprendre en Algérie, avec cependant une approche de personnalisation des mesures à prendre. Le défi majeur gagné dans la production laitière est le développement de vaches à fort potentiel génétique, capables de produire de grandes quantités de lait. Nous avons en Algérie la possibilité d'accès direct à cette génétique à travers l'importation de génisses pleines. Néanmoins, les performances de production, une fois sur place, sont tout à fait différentes comparativement à celles de la rive nord de la Méditerranée qui connaît pourtant les mêmes conditions climatiques. Ceci est en fait une indication que nos freins de production sont ailleurs que dans la génétique. Il est aussi important de signaler qu'en plus des faibles rendements de nos vaches, il existe un manque à gagner considérable en relation avec les performances de reproduction. Une vache qui tarde à être pleine après avoir mis bas tardera à donner une prochaine naissance et surtout tardera à donner une nouvelle lactation. Les résultats d'études indiquent que ces problèmes sont essentiellement liés à une alimentation carencée et déséquilibrée et à des erreurs de gestion tant d'alimentation que de reproduction. Et c'est précisément la mise en place des techniques de gestion de ces deux volets qui pourrait être parmi les mesures à prendre à court terme, et qui aura un impact réel avec une optimisation des productions dans l'état actuel de l'élevage laitier. Ces mesures pourraient augmenter la production par vache d'une moyenne de 30%. La pratique vétérinaire doit évoluer d'une médecine individuelle où on soigne un animal, vers une médecine de groupe où on évalue les performances d'une ferme par des systèmes de gestion et de suivi collectifs d'animaux. Aujourd'hui en Algérie, il existe même des logiciels de gestion, notamment de reproduction, développés en relation avec les particularités de nos élevages laitiers. Certains de nos éleveurs ont des moyennes de production de 30 litres avec parfois des maximums dépassant 50 litres par vache et par jour. Cette catégorie d'éleveurs mérite une attention particulière et pourrait servir comme modèle de développement de la filière laitière.
- Quel est le coût de revient d'un litre de lait pour l'éleveur en Algérie ?
L'économie des filières animales en Algérie est très mal connue, non seulement pour le lait, mais aussi pour toutes les autres productions. Ceci est lié à deux facteurs essentiels : le premier au manque d'études économiques systématiques intégrant tous les facteurs de production, avec une quantification précise de chaque paramètre en fonction du système de production lui-même ; le deuxième est lié aux variations du marché international des prix des matières premières de l'alimentation animale (essentiellement maïs et tourteaux de soja) et dont l'Algérie est directement dépendante. Un prix de revient calculé aujourd'hui n'est pas forcément le même demain. Assurer une autosuffisance laitière sur la base d'une alimentation importée dans sa quasi-totalité ouvre un débat qui mérite d'être suivi. A long terme, l'Algérie devra non seulement augmenter ses productions laitières, mais aussi augmenter les productions agricoles impliquées dans l'alimentation animale. Les études économiques solides permettront de modéliser les productions et de cibler les actions à entreprendre. Les subventions accordées méritent d'être étudiées en relation avec les prix de revient. Certains universitaires estiment que ce prix varie de 15 à 60 DA. La variation est énorme d'une exploitation à une autre et peut aller de 1 à 4 fois.
- Le coût de l'alimentation des vaches qui représente plus de 80% du coût de revient du lait est lourd pour nos éleveurs...
Il est effectivement admis dans les productions animales que l'alimentation représente la part la plus importante des coûts de revient. L'alimentation de la vache laitière, dans notre pays, présente une particularité. Dans les pays à forte production laitière, la vache est alimentée majoritairement par les fourrages qui apportent le gros des besoins de l'animal qui sont ensuite complétés par des concentrés pour un meilleur équilibre. En Algérie, c'est tout à fait le contraire qui est observé : c'est l'aliment concentré, dont la quasi-totalité des constituants sont importés, qui apporte la majorité des besoins de l'animal, en raison notamment de la faible valeur des fourrages et de leur indisponibilité. Cet état des lieux aboutit à des coûts de revient importants. A moyen terme, les universitaires et chercheurs algériens devraient proposer des alternatives pour une alimentation équilibrée et à coût optimal, tout en considérant la réalité climatique algérienne. Dans ce sens, le développement et la généralisation des ensilages pourraient être une des alternatives. De même, une meilleure réflexion sur la formulation de l'aliment concentré devrait prendre place, dans ce sens certains fabricants d'aliment algériens ont réalisés des avancées considérables en intégrant notamment des sous produits de l'industrie agroalimentaire. La vache laitière doit être considérée à sa juste valeur, qui est un outil de production économique et qui doit de ce fait être mise dans les meilleures conditions de production, de rentabilité et de compétitivité. Et c'est là, que les études technico-économiques trouvent tout leur intérêt dans l'aide à la de prise de décisions.
- L'Algérie a importé 51 000 vaches laitières en trois ans. Est-ce une bonne chose ?
Profiter des avancées et du développement universel est à mon sens un des atouts que doivent exploiter les économies en voie de développement, et la génétique laitière obtenue après des décennies de sélection et d'amélioration ne devrait pas échapper à cette logique. Les génisses importées présentent de fait des avantages liés à elles-mêmes, mais aussi à leur progéniture, car systématiquement ces femelles sont achetées pleines. Et d'ailleurs, cette progéniture présente une meilleure adaptation aux conditions du milieu en Algérie par le fait qu'elle soit née ici, elle présente de moindres problèmes de santé comparativement à la première génération. Cependant, pour que ces génisses importées puissent intégrer efficacement le circuit de la production laitière et ne pas se retrouver en boucherie, des mesures de suivi de ces animaux doivent être prises. La meilleure approche pour l'intégration positive est la valorisation de la filière laitière en misant notamment sur des seuils de rentabilité incitatifs. A long terme, une des actions à entreprendre pourrait être une sélection des races locales mariant productivité et rusticité avec de meilleurs rapports quantité, qualité et prix.
- Nos éleveurs manquent d'organisation pour pouvoir moderniser leurs techniques d'élevage. Qu'en pensez-vous ?
Les éleveurs dans les pays développés sont les acteurs majeurs de l'organisation, du développement et parfois même de la commercialisation et de l'industrie de la filière laitière. Ils sont souvent, à travers des coopératives, des propriétaires de centres d'insémination et de transfert d'embryons, d'unités de fabrication d'aliment et de centres de collecte et de transformation du lait. Cette organisation devrait inspirer nos éleveurs. Ils trouveront ainsi des opportunités de communication intra et interprofessionnelles et subiront moins les contraintes de tout genre. Je veux aussi dire qu'en Algérie, il existe des compétences dans beaucoup de domaines en relation avec la production animale, mais qui souffrent du manque de communication aussi bien avec les éleveurs qu'avec l'administration, et il est plus qu'indiqué de lancer des passerelles pour un meilleur transfert des connaissances acquises. Je lance un appel aux universitaires et chercheurs travaillant sur les problématiques des productions animales, de s'organiser autour de thématiques pour une meilleure réflexion des stratégies de recherche comme il est déjà initié pour un certain nombre de disciplines, notamment technologiques.


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