Défaillance n En dépit des politiques adoptées depuis les années 1980, visant l'autosuffisance en lait, l'Algérie reste dépendante du marché international pour couvrir ses besoins. Le lait, ce produit qui constitue un aliment de base de la famille algérienne, est sans doute un sujet de discussion au sein des foyers ces derniers mois. Des rumeurs ayant fait état de l'augmentation du prix de sachet de lait ont fait couler beaucoup d'encre et épuiser des souffles. Des rumeurs auxquelles le gouvernement a mis fin en démentant cette augmentation et le maintien à 25 DA le sachet. Toutefois, si à court terme une telle hypothèse est écartée, il n'en demeure pas moins qu'elle pourrait survenir si les prix de la poudre de lait reprenaient une courbe ascendante sur le marché international. Un tel scénario ne peut que pénaliser le citoyen qui considère déjà élevé le prix actuel et l'Etat qui sera contraint, non seulement de rehausser son budget destiné à l'importation de cet aliment, mais aussi d'augmenter ses parts dans la subvention de ce produit. D'autant plus que la production nationale assure la couverture de seulement deux tiers des besoins du pays en lait estimés à 3,7 milliards de litres. Environ 1 milliard de litres sont importés chaque année. Selon des chiffres officiels, la facture annuelle des importations de la poudre de lait est de l'ordre de 600 millions de dollars. Ainsi, pour se prémunir des effets néfastes de l'importation massive, les autorités algériennes ont, depuis de nombreuses années, entrepris de mettre en œuvre des politiques visant à atteindre l'autosuffisance en la matière. Néanmoins, ces politiques menées jusqu'ici et qui se sont basées essentiellement sur l'importation de génisses pleines n'ont rien changé sur le terrain car le volume des achats extérieurs de poudre de lait demeure constant, sinon en évolution. Une méthode critiquée par la plupart des acteurs de la filière lait qui déplorent le fait que les pouvoirs publics continuent de penser que l'autosuffisance en lait reste tributaire en grande partie de l'effectif des vaches. «Or, précisent-ils, la piètre croissance enregistrée dans la production du lait cru est due essentiellement à l'accroissement du cheptel bovin laitier, non pas à la hausse de son rendement.» A en croire des éleveurs professionnels, les vaches laitières importées, pour la plupart de souches supérieures, comme la pie noire dont on dit qu'elle est la mieux adaptée à nos conditions climatiques et pastorales, se retrouvent à produire tout au plus le tiers de leur capacité réelle de traite. De plus, les efforts consentis pour parvenir à assurer une reproduction locale de qualité, en introduisant l'insémination artificielle, se sont révélés insuffisants. 20 ans après son introduction dans les techniques de reproduction, l'insémination artificielle n'a touché que 50% des élevages bovins dans notre pays.