«Le juge devra subir, dans les jours à venir, une intervention chirurgicale.» Neuf ans après la mutinerie de Serkadji qui s'est soldée par le lourd bilan de 100 morts, l'affaire, qui a défrayé la chronique en 1995, est remise de nouveau sur le tapis à la faveur du procès du principal accusé M. Hamid Mebarki, le gardien de l'établissement pénitentiaire, condamné en 2001 à la prison à perpétuité. Hier, tout le monde était présent au tribunal de Sidi M'hamed où devait passer l'affaire : les avocats, les témoins et la famille de l'inculpé. Mais le procès a été renvoyé pour le 15 juillet en l'absence du juge chargé de l'affaire, M. Abiza. Le tribunal justifie cette «défaillance» par «des raisons de santé». Chose qui nous a été confirmée par Me Boumerdassi Hassiba, l'avocate de la défense. Selon notre interlocutrice, «le juge devra subir, dans les jours à venir, une intervention chirurgicale.» Si aucun doute n'est émis sur les raisons de cette absence, des interrogations sont soulevées par contre, sur la cause réelle qui pousse les autorités concernées, d'une part à confier ce dossier à M.Abiza en dépit de son état de santé, et d'autre part à programmer durant la même journée deux autres procès «importants» : l'affaire «Boulemia» l'assassin présumé d'Abdelkader Hachani et l'affaire Chaybi Ben Dahmane, accusé d'appartenance à un groupe terroriste. Ces deux derniers procès ont été renvoyés aussi au 15 juillet, sachant qu'ils sont traités par le même juge. «Est-ce qu'il n'y a pas dans ce pays des juges capables de prendre en charge ce genre d'affaires?» demande la défense, qui ajoute que cette question fait partie «du travail interne» de la cour. Rappelons aussi qu'uniquement pour la mutinerie de Serkadji, 150 témoins sont cités. Concernant ce procès, il faut préciser que Hamid Mebarki devra répondre aux chefs d'accusation de meurtre avec préméditation et d'incitation à la rébellion. Il a été jugé pour la première fois le 14 janvier 1998 avec 37 autres accusés. Le deuxième procès qui a eu lieu en mars 2001 avait réhabilité quinze prévenus qui ont été totalement innocentés. Mebarki, quant à lui, a été condamné à perpétuité. Un procès jugé de «lamentable» par Me Boumerdassi. Trois ans après, le tribunal de Sidi M'hamed décide de rejuger l'affaire après le pourvoi en cassation introduit par la défense. Pour Me Boumerdassi, la stratégie de la défense devra se baser sur un seul aspect. Il s'agit, selon notre interlocutrice, de «prouver que l'arme du crime utilisée dans l'assassinat des quatre gardiens de la prison n'était pas celle que Mebarki aurait introduite dans cet établissement pénitentiaire». Pour comprendre, il faut savoir que Mebarki est accusé d'avoir réussi à glisser dans une boîte de gâteaux, des pistolets à la veille du drame. Des armes destinées aux mutins pour l'assassinat des gardiens en question, selon la justice. Or, selon la défense, le directeur de la prison avait confirmé que ces derniers ont été égorgés. Toujours selon la défense, cette affaire est loin de connaître son épilogue dans les semaines à venir. «Il est fort probable qu'elle sera de nouveau renvoyée à une date ultérieure le 15 juillet prochain» atteste-elle. Rappelons que cette affaire remonte au 21 février 1995. Une tentative d'évasion est alors organisée par quatre détenus, jugés dans des affaires de terrorisme, dans le pavillon des condamnés à mort de la prison de Serkadji, l'évasion échoue et se transforme en une mutinerie : 96 prisonniers et quatre gardiens sont tués.