Cette plaie se trouve à proximité de l'institut d'architecture, à quand son éradication? Dans un précédent article, nous avions qualifié le bidonville de Zerzara, d'enfer sur terre. Et c'est un doux euphémisme. C'est le plus atypique groupement de baraques qui existe à Constantine, dans ce sens où il est méconnu de tous, et surtout implanté dans une sorte de cuvette, en aval de l'institut d'architecture Ahmed Hamani. Des familles, totalisant 170 personnes, occupent d'infâmes taudis traversés par des fils électriques pendouillant tous azimuts, faits de planches pourris, de feuilles de tôle, de carton et autres matériau hétéroclite ; ils sont érigés autour d'une ancienne ferme coloniale où travaillaient les parents dans les années 1950. Faute de mieux, ces personnes sont demeurées sur ces lieux envasés et nauséabonds, où elles ont fondé, à leur tour, un foyer de fortune. Comme nous l'avions déjà indiqué, pour accéder à ce baraquement, il faut traverser le terrain de sport de la résidence Zerzara, quasi clandestinement, et se faufiler entre les barres de fer servant d'enceinte entre l'institut et ce véritable camp de concentration, appelé par dérision 13e pavillon (en référence aux 12 pavillons de résidence des étudiants). Pour combien de temps encore pourront-ils emprunter ce chemin? Surtout qu'il serait question d'instaurer un système de carte magnétique pour avoir accès à l'institut, selon des sources universitaires. Il est également question de faire passer la conduite d'eaux usées sur leur îlot. Des travaux ont même été amorcés dans ce sens, avec le creusement de quelques fosses dans lesquelles des buses ont été installées, avant d'être arrêtés par les habitants. « Ce serait le comble que des conduites de cette taille traversent nos misérables demeures, alors que nous souffrons déjà de tous les maux : maladies hydriques, respiratoires, dermiques…sans compter les insectes, les reptiles, les rongeurs», s'exclame avec colère un habitant. Cela fait deux ans qu'ils n'ont plus le droit de se servir de l'eau potable de l'institut, alors ils se rabattent sur un filet douteux qui suinte dans une ancienne auge où s'abreuvait le bétail dans le temps. C'est une eau impropre à la consommation, qui a fait dernièrement l'objet d'analyse, mais dont les résultats ne leur sont pas encore parvenus. «Nous savons seulement que cette eau a rendu malades nos enfants, elle est jaunâtre et pleine d'impuretés», dénonce une mère de famille, qui relance le problème de la déperdition scolaire. «Nos enfants traversent l'autoroute pour rallier l'école à Djenane Ezzitoune où il n'y a même pas de cantine; ils restent toute la journée sans manger, car ils ne peuvent rentrer à midi, alors comment voulez-vous qu'ils soient studieux ?» plaide-t-elle. En désespoir de cause, ces habitants ont, le 10 du mois en cours, adressé une pétition au wali dans laquelle ils lui font part de leur calvaire. «Venez nous voir monsieur le wali, et vous verrez que nous sommes en enfer», lance un jeune.