En dehors des urgences, aucune intervention chirurgicale ni examen médical ne sont assurés depuis plus de dix jours dans les CHU de la capitale. Plusieurs services dans les établissements de santé publique au niveau de la capitale sont gelés par le mouvement de grève illimitée entamé par les paramédicaux depuis le 8 février. Une virée dans les deux principaux hôpitaux d'Alger, CHU Mustapha Pacha et CHU de Bab El Oued, nous a permis de constater une paralysie générale des activités chirurgicales. Les blocs opératoires, les services de réanimation, les laboratoires d'analyses et les salles de soins sont désertées par le personnel paramédical. Ce qui perturbe l'activité médicale et suscite une vive tension au sein de ces services. Les malades sont livrés à eux-mêmes. Outre le report des interventions chirurgicales non urgentes, les malades hospitalisés nécessiteux sont délaissés. Aucun prélèvement sanguin ni autres examen médical ne sont effectués. La liste des malades renvoyés et reprogrammés s'allonge de jour en jour, surtout qu'il y a une semaine, de nombreux patients n'ont pu être opérés par manque de produits anesthésiants dans les hôpitaux. Un problème qui persiste encore malgré les assurances du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès. Le service minimum est, certes, assuré, comme le souligne un infirmier, membre du Syndicat national des paramédicaux (SAP) qui a appelé à la grève illimitée. Le SAP entend durcir le ton, tant les revendications ne sont pas satisfaites. Et les malades souffrent de cette situation qui se complique. «Au Centre anticancéreux Pierre et Marie Curie, toutes les séances de chimiothérapie sont annulés, les interventions chirurgicales le sont également. Le report des opérations chirurgicales a provoqué un chamboulement dans l'agenda des rendez-vous et une augmentation du nombre de malades, ce qui influera sur les activités du service pour les prochains mois», s'indigne un praticien qui interpelle les pouvoirs publics pour la satisfaction des revendications des paramédicaux. «On ne peut rien faire sans eux, dira-t-il avant de s'interroger : qui «pousse au pourrissement ?». Comment peut-on faire la sourdre oreille face à des revendications légitimes dans un secteur aussi sensible que celui de la santé. Au service de chirurgie, à l'hôpital de Bab el Oued, où un rassemblement de tous les représentants du syndicat des autres établissements a eu lieu hier matin, le programme des interventions chirurgicales n'a pas pu être réalisé. «Toutes les interventions sont annulées aujourd'hui (hier, ndlr). Je tourne dans le service à ne rien faire alors que des malades dont certains souffrent de graves maladies attendent d'être soulagés. On ne peut pas continuer à travailler dans ces conditions. Les grévistes ont le droit de revendiquer des choses pour l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles, par contre le ministère de la Santé n'a pas le droit de faire de fausses promesses et envenimer la situation car il y va de la vie des malades», souligne un chirurgien tout en exprimant sa solidarité avec le SAP et souhaite le renforcement de tous les services par des paramédicaux qualifiés.