La France doit reconnaître « ses bavures perpétrées pendant la période coloniale » et « les Algériens méritaient plus une repentance de la France que les Malgaches », avait déclaré le président Bouteflika, fin août dernier à partir de Sétif. Il avait auparavant, c'est-à-dire en juin, estimé que la loi du 23 février 2005, louant les bienfaits de la colonisation, « représente une cécité mentale confinant au négationnisme et au révisionnisme ». Chaque fois qu'il lui était permis, le chef de l'Etat exprimait ouvertement le rejet par l'Algérie de ce « texte honteux ». L'ANP, par le biais de la revue El Djeich (no 36 de ce mensuel), avait considéré que cette loi est « profondément scandaleuse ». Mais aussi et surtout que c'est un texte qui fait « l'apologie de la colonisation » en contradiction avec le droit public international. Le Parlement algérien, par le biais du président du Conseil de la nation comme celui de l'APN avaient également indexé cette loi qui reconnaît aux Français un rôle positif dans les colonies. Le ministre des Moudjahidine avait, comme d'ailleurs le patron de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), n'avait pas manqué de relever la contradiction dans la démarche de Paris qui, tout en cherchant à conclure un traité d'amitié avec Alger, accepte de voir naître ce type de loi. Leur emboîtant le pas, les organisations de la famille révolutionnaire, l'Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC) et la Coordination nationale des enfants de chouhada (CNEC) avaient exprimé leurs critiques, rappelant surtout les déclarations du président Bouteflika. Reste que parmi toutes les critiques par rapport à la loi du 23 février 2005, la fondation du 8 Mai 1945 a été la première voix du côté algérien à réagir. En effet, le 5 mars 2005, une déclaration rendue publique par cette fondation s'en prenait à « cette démarche maladroite de la France ». Il faut rappeler, cependant, que Hubert de Collin de Verdière, ambassadeur de France à Alger, avait, lors d'un déplacement à Sétif, demandé pardon aux victimes des massacres du 8 mai 1945. Il avait surtout précisé à L'université Ferhat Abbas que « certains pensent qu'il faut oublier le passé pour qu'on n'enterre pas le présent. Je ne partage pas cet avis, même si nous ne devons pas non plus nous enfermer dans l'histoire. C'est la connaissance lucide du passé et des mémoires diverses, complétée par la vision d'un avenir différent, qui conduit à la tolérance, à la construction de l'espace démocratique et aux valeurs universelles ».