Une jeune Algérienne, meilleur espoir du cinéma français. Leïla Bekhti est la belle surprise des Césars décernés samedi soir. France. De notre correspondant Une autre Algérienne a été distinguée pour le scénario du film Le nom des gens pour lequel Sara Forestier décroche le César envié de la meilleure comédienne. Le film de Michel Leclerc, d'après un scénario de sa femme Baya Kasmi, aura donc surfé à sa façon sur la vague des Césars du cinéma français 2011. Peu annoncé dans les pronostics, si ce n'est dans El Watan (lire notre édition de jeudi) Le nom des gens a raflé, samedi soir, le prix du meilleur scénario original. Quant à la comédienne Sara Forestier, elle décroche le prix de la meilleure comédienne, quelques années seulement après avoir été couronnée du César du meilleur espoir féminin pour son rôle dans L'esquive de Kechiche. Sa présence extrêmement naturelle et fraîche aura payé. Du haut de ses 24 ans, elle joue dans le film avec un enthousiasme débordant de naïveté. C'est un prodige que d'interpréter la fille d'un couple mixte algéro-français, avec une mission : rétablir un peu de justice dans le monde. Par ses appâts, sa beauté et son charme irrésistibles, elle veut convertir les imbéciles à la rationalité, et d'abord les hommes de droite. Fable moderne sur la France d'aujourd'hui, on y retrouve tous les ingrédients politiquement pernicieux de ces dernières années, avec ces principes de précaution qui vont de la grippe aviaire, à la grippe A jusqu'aux immigrés ou à l'Islam. De cette société qui se méfie de tout, la scénariste primée a tracé les contours d'un pays qu'aucun article ne serait assez pertinent pour décrire. Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, la comédienne d'origine algérienne, originaire de Sidi Bel Abbès, Leïla Bekhti, obtient, à 27 ans, le César du meilleur espoir féminin. L'actrice prometteuse a déjà joué dans Un prophète de Jacques Audiard en 2009, puis en 2010 dans Tout ce qui brille, qui lui permet d'obtenir cette distinction. En 2005, elle avait joué dans le film de Kim Chapiron Sheitan, puis dans le téléfilm Harkis, avec Smaïn dans le rôle de son père. Algérie encore, avec le César du meilleur film obtenu par Des hommes et des dieux… sans grande surprise. Le film à succès (il va dépasser les 4 millions de spectateurs) reprend les derniers jours des moines de Tibhirine avant leur enlèvement en mars 1996. Si parfois pour les César les favoris sont parfois déçus, l'ambiance de communion autour de ce long métrage fait l'unanimité et il aurait été étonnant qu'il revienne bredouille. Pourtant, on se souvient du film Bienvenue chez les Ch'tis de Dany Boon, largement plébiscité par le public, et qui n'avait rien obtenu aux Césars. Comme les voies de Dieu, celles des récompenses sont impénétrables. Les Césars ont d'autre part donné un coup de chapeau, fort mérité, au film de Roman Polanski The ghost writer, magnifique épopée qui offre avec courage un regard critique sur l'attaque américano-anglaise contre l'Irak en 2003. Paradoxe de l'histoire, le cinéaste a vu se développer ses soucis judiciaires alors que le film n'était pas encore achevé. On se souvient de cette affaire de mœurs qui avait ressurgi opportunément, trois décennies après les faits. Meilleur réalisateur et meilleure adaptation (avec Robert Harris), voilà deux Césars qui sont les bienvenus et font oublier ces péripéties. Enfin, signe de l'histoire en marche en Tunisie, en Egypte et ailleurs, les réseaux sociaux n'ont pas été oubliés, et le César du meilleur film étranger a été décroché par The social network, de Daniel Fincher, film qui retrace la vie du fondateur de facebook. Là, on peut être circonspect, car cette réalisation quelque peu ordinaire est élue devant des chefs-d'œuvre comme l'extraordinaire film argentin Dans ses yeux (El secreto de sus ojos) ou Inception de Christopher Nolan. Comme quoi, chaque distinction cache des mystères.