Le secrétaire général de l'UGTA, M. Sidi Saïd, accuse la Société des participations de l'Etat, en charge du secteur hôtelier (SGP, ex-holding), de mener l'opération de privatisation en dehors du cadre réglementaire. « Certains responsables se comportent comme de vrais propriétaires en bradant les hôtels du secteur public. Nous nous élevons contre cette pratique d'autant plus que ces privatisations se font sur le dos des travailleurs », s'est-il écrié devant les syndicalistes du secteur, réunis hier à la Maison du peuple à Alger. Devant une assistance nombreuse, affichant d'ailleurs son inquiétude sur son devenir, le patron de la centrale syndicale a pris soin de dédouaner les « plus hautes autorités » du pays. D'abord en souhaitant un « prompt rétablissement » au président de la République qui subit actuellement des soins à Paris. « Nous sommes impatients de voir le président de la République reprendre les affaires du pays. C'est un grand défenseur du monde du travail. Nous tenons à lui réitérer le soutien indéfectible des travailleurs. Je sais que ces paroles ne plairont pas à certains », a-t-il soutenu. A propos de Ahmed Ouyahia, Sidi Said dira qu'il n'est nullement responsable des transactions qui ont été déjà ficelées. Bien que tutelle des SGP, la chefferie du gouvernement est tenue, selon lui, à l'écart. Comment ? Le secrétaire général évoque des « blocages » sans donner plus de précisions. Toujours est-il que pour Sidi Saïd, la privatisation, « imposée et irréversible », doit être appliquée sans anarchie. Le vocable (anarchie) sera martelé aussi à l'adresse des travailleurs qui, avertit-il, doivent faire preuve de sagesse en formulant leurs revendications. « Vous avez en la personne de Rabah Brahmi (secrétaire général de la Fédération tourisme et commerce) un syndicaliste invétéré. Transmettez-lui vos doléances s'il y a un cas avéré de dérapage dans une quelconque opération de privatisation. De mon côté, je prendrai à mon compte vos rapports qu'il (ndlr : Rabah Brahmi) m'aura envoyés », enchaîne-t-il, en jurant qu'il ne trahira jamais les travailleurs. Entrecoupé de proverbes du terroir kabyle, le discours de Sidi Saïd reposera finalement sur la « sagesse », un credo qu'il assimilera à « sa propre éducation » et au rapport de forces, jugés « négatifs ». Pour lui, investir la rue est une option impossible dans la mesure où il refuse, dit-il, d'être responsable des fâcheuses conséquences qui pourraient en résulter. Au sortir du meeting, des syndicalistes de nombre de structures déjà vendues annoncent une série d'actions. « Nous allons tenir demain (jeudi 1er décembre,ndlr.) un sit-in qui regroupera tous les travailleurs de l'EGT Est dans l'enceinte de l'hôtel El Hidhab, à Sétif. Nous refusons le bradage d'El Hidhab, cédé, parait-il, pour 65 milliards de centimes », annonce le secrétaire fédéral aux affaires économiques et sociales, M. Mezhoud. Les travailleurs des Zianides (Tlemcen) estiment aussi que la vente de leur hôtel a été cédée pour une bouchée de pain. « Il a été cédé à un privé de Ghazaouet pour la somme de 50 milliards de centimes alors qu'il vaut réellement 200 milliards. Nous allons faire de la pression pour sa réévaluation, d'autant plus que le wali de Tlemcen nous soutient dans cette démarche », nous a déclaré le secrétaire général du syndicat d'entreprise, Mohamed Kaddous.