Les flèches décochées par les fédérations de la Centrale syndicale à l'adresse des SGP ont déclenché les foudres du secrétariat de l'Ugta. Les employés du secteur économique public seront-ils augmentés ou pas? C'est une question qui s'impose, car, à l'heure actuelle, aucun centime de plus n'est encore acquis. Face au veto qu'opposent les Sociétés de gestion des participations (SGP), le gouvernement devra jouer à son tour, seul mandaté à rendre concret l'engagement de l'Etat. Un face-à-face a eu lieu, hier, entre le patron de l'Ugta, Abdelmadjid Sidi-Saïd et le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar. Il fallait s'y attendre. Les flèches décochées par les fédérations de la Centrale syndicale, à l'adresse des SGP, ont déclenché les foudres du secrétariat de l'Ugta, scotché sur ce qu'il considère comme promesse du premier magistrat du pays. Depuis la naissance du scénario fédérations Ugta contre SGP, Abdelhamid Temmar, censé escorter tangiblement la nouvelle orientation de l'économie nationale, n'a même pas bougé le petit doigt afin de débloquer la panne des pourparlers devant mener au paraphe des conventions de branche. Le ministre se contentait, sans se lasser, de faire le bilan des entreprises vendues, faisant connaître un résultat «sans le moindre reproche.» C'est Sidi-Saïd qui s'offre, en fin de compte, la mission d'arbitrage, s'en remettant au gouvernement dans le but de débloquer la situation. Car, au niveau de la base, c'est un véritable bouillonnement qui se fait entendre. Au moins trois fédérations brandissent, d'ores et déjà, le drapeau rouge, menaçant de passer à la vitesse supérieure. C'est la Fédération du tourisme et du commerce qui a commencé à ouvrir le feu à l'adresse de Gistour, reprochant à cette SGP sa non-disponibilité à débattre de la revalorisation salariale. D'autres ont suivi, notamment les métallos qui devront se réunir le 12 du mois courant, et la tension dans la maison Ugta est montée très haut pour atteindre les autres fédérations. Sidi-Saïd est donc contraint de saisir le gouvernement, le dernier joker à jouer afin de mettre un terme à l'entêtement des SGP. «Aucun consensus n'a pu être trouvé avec les SGP sur la question de l'augmentation des salaires», reconnaît Abdelkader Malki, secrétaire national de l'Ugta, chargé des relations générales. L'entrevue d'hier a été tenue dans l'urgence et était destinée à étudier les points de désaccord entre certaines fédérations de l'Ugta et les SGP sur le dossier des conventions de branche. L'on s'interroge si Sidi-Saïd s'était-il tardivement rendu compte qu'il risquait d'ajourner la tripartite prévue pour le mois en cours? Si le renvoi s'avère être une option inévitable, le patron de l'Ugta ne sera certainement pas l'unique mauvais élève de la classe. De son côté, sur le banc des accusés, Abdelhamid Temmar, qui semble perdre le contrôle des SGP, a, lui aussi, sa part de responsabilité. Car, avant de prendre son congé, le ministre aurait dû exhorter les SGP à se mettre en conformité avec les directives du gouvernement, du moins celles relevant des secteurs rentables non-déficitaires. A l'heure où nous mettons sous presse, aucune information n'a filtré. L'éternel problème de communication revient pour priver le citoyen de l'information. Secret de polichinelle ou plutôt absence d'une culture de communication? A vous de juger. Après quoi, un secrétaire national de l'Ugta s'est permis de souffler cette expression: «On ne doit communiquer aucune information à la presse.» Quoi qu'il en soit, si le tête-à-tête Sidi-Saïd/Abdelhamid Temmar se termine sans le moindre consensus sur la relance des conciliabules entre les SGP et l'Ugta, c'est l'ajournement de la tripartite qui se précise.