C'est devenu une habitude, une seconde nature chez les habitants du quartier populaire de Benchergui. En effet, pour sortir il faut à chacun une paire de chaussures usuelles en plus d'une paire de bottes pour affronter la gadoue qui règne en maîtresse des lieux depuis des années. Ainsi, les habitants de ce trou perdu, bordant la RN27 et situé pourtant à moins d'un kilomètre à vol d'oiseau de l'hôtel de ville de la capitale de l'Est, souffrent le calvaire au quotidien. Un petit tour sur place vous renseignera sur l'état lamentable de la route et des différentes voies d'accès à la cité, jamais goudronnées et toutes cabossées, et de plus submergées par les eaux usées. Outre l'état déplorable des routes, les habitants regrettent l'absence d'éclairage public et la prolifération anarchique des conduites d'eau potable. A défaut d'un réseau de distribution, les citoyens les ont installées depuis la conduite principale allant jusqu'à Hamma Bouziane, suscitant de nombreuses fuites et des déperditions de ce liquide précieux qui se mêle aux eaux usées, pour se déverser dans l'oued Chettaba, situé en aval. Pour la plupart des habitants de la cité Benchergui, le transport constitue aussi un véritable casse-tête. Le déplacement vers la commune de Hamma Bouziane au chef-lieu de wilaya est vécu comme un calvaire en l'absence de moyens de transport individuels ou collectifs. «Seuls les fraudeurs continuent d'exercer en maître des lieux en assurant des navettes vers Constantine à leur guise et à des tarifs qu'il est impossible de discuter », affirment les habitants. Ces derniers exigent d'autre part un bus pour le transport de leurs enfants scolarisés, notamment les lycéens, lesquels sont contraints, non sans risque, de traverser tous les jours la RN 27, tronçon désigné comme étant celui de la mort, pour rejoindre leurs établissements. A toutes ces doléances, les autorités de la ville n'ont répondu que par des promesses, seulement des promesses, mais en attendant, les habitants disent être à bout, risquant même d'aller vers des actions extrêmes. La tension couve indubitablement chez les résidants de la cité Benchergui, que seule une volonté de règlement définitif de leurs problèmes pourrait apaiser.