La Cour pénale internationale a annoncé, hier, qu'elle ouvrait une enquête pour crimes contre l'humanité en Libye. L'enquête vise directement Mouammar El Gueddafi et son clan, notamment trois de ses fils. «Il n'y aura pas d'impunité pour les dirigeants impliqués dans des crimes.» Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé, hier, l'ouverture d'une enquête pour crimes contre l'humanité en Libye, visant le colonel Mouammar El Gueddafi, ses fils et plusieurs hauts responsables libyens. «Nous avons identifié certains individus qui jouissent d'une autorité de facto», a-t-il annoncé en citant «El Gueddafi, son cercle rapproché, y compris ses fils». Le procureur a également cité «le ministre des Affaires étrangères, le chef de la sécurité du régime et du renseignement militaire, le chef de la sécurité personnelle de M. Gueddafi et le chef de l'organisation de la sécurité interne», sans donner de noms. Une équipe a déjà pris des contacts avec des responsables libyens et des officiers de l'armée pour comprendre la structure de commandement en Libye, ce qui pourrait permettre de désigner les personnes susceptibles d'être poursuivies. La CPI ne dispose pas d'enquêteurs sur place mais il a assuré que des investigations pourraient être menées sans envoyer de personnel en Libye. «Nous voulons saisir cette occasion pour notifier que si les forces dont ils ont le commandement commettent des crimes, ils pourraient être tenus pour responsables pénalement.» Le Conseil de sécurité des Nations unies avait, samedi, dans une résolution, saisi le procureur de la CPI de la situation w Libye, considérant que «les attaques systématiques» contre la population civile de ce pays «peuvent être assimilées à des crimes contre l'humanité». Selon la Ligue libyenne des droits de l'homme, la répression a fait 6000 morts, dont 3000 à Tripoli et 2000 à Benghazi, un bilan nettement plus important, dans cette dernière ville, que les 220 à 250 morts avancés par des sources hospitalières locales et le CICR. Les autorités de Tripoli sont tenues de «coopérer pleinement avec la Cour et le procureur et leur apporter toute l'assistance voulue», en vertu du texte voté par le Conseil de sécurité, qui invite le procureur à l'informer «dans les deux mois» de la suite donnée à la résolution. C'est la deuxième fois seulement que le Conseil saisit la Cour pénale internationale. En 2005, il avait déféré au procureur de la CPI la situation au Darfour, théâtre de meurtres de masse dans l'ouest du Soudan. Les investigations ont conduit à l'inculpation pour génocide du président en exercice Omar el Béchir.