Les habitants de la commune de Yakouren endurent depuis quelques années un sérieux problème environnemental qui risque d'avoir des incidences fâcheuses sur la santé publique. Les citoyens le craignent en voyant le nombre important de décharges implantées anarchiquement dans tous les endroits de la commune. Avec les odeurs pestilentielles dégagées lors des incinérations de détritus, l'air devient empoisonné et la respiration s'avère difficile. Ceci engendre inévitablement des maladies respiratoires. En témoigne le nombre d'asthmatiques dans la commune. « Des monticules d'immondices se forment un peu partout, notamment là où le ramassage ne s'effectue plus à l'exemple des villages Ahmil, Chbel et Azrou. La petite Suisse d'antan est devenue un dépotoir », lance un sexagénaire qui dit avoir saisi les autorités à maintes reprises. « Nous nous sommes rendus au siège de l'APC et nous avons saisi l'administrateur qui tient à nous expliquer que le choix d'une implantation pour une décharge publique est problématique », nous dit-on. « Actuellement, les éboueurs ne font que nettoyer le chef-lieu communal. Aucun site n'est proposé en dépit des études qui sont faites à cet effet. L'inexistence d'unités qui traitent et qui recyclent les déchets se répercute négativement sur la propreté et l'hygiène de la ville », s'indigne l'administrateur. Ce dernier n'a pas manqué de soulever l'incivisme qui est aussi la cause de cette situation : « Les passagers qui marquent une pause à Yakouren et les touristes qui viennent y passer la journée en forêt ne gardent pas les lieux propres. D'importantes quantités de détritus sont laissées par terre et créent ainsi des petites décharges incontrôlables qui font le bonheur d'un grand nombre de chiens errants. » Pis encore, en cette période hivernale, il y a des animaux qui se nourrissent de ces décharges. Le singe magot en est l'exemple édifiant. Sur la route de l'ex-Souk El Fellah menant vers Tizi Nath Tizi, on a fait un constat amer. Une odeur nauséabonde se dégage des charognes des volailles déchargées par les aviculteurs de la région sans être conscients du risque encouru, sachant que le lieu est à 300 m d'une école primaire et à une dizaine de mètres d'un CEM. Cette gabegie est aussi constatée dans le village de Chbel où l'on a aperçu une décharge à proximité d'une aire de jeux. Un villageois nous a dit que lors des incinérations d'ordures, le climat devient délétère. « Les enfants n'arrivent pas à jouer ni à respirer », dit-il. Au village de Tamliht (4 km du chef-lieu communal), les décharges poussent comme des champignons. Des pelouses, sur lesquelles les visiteurs passaient la journée pour se reposer et sentir l'air frais, se sont métamorphosés en dépotoir de gravats et de déchets.