C'est un guide toujours aussi fantasque qui a reçu un journaliste de l'hebdomadaire français le Journal du Dimanche (JDD) pour s'ouvrir une fenêtre sur le monde qu'il a choqué par son entreprise criminelle contre son peuple. El Gueddafi, sans rire, déclare à qui veut l'entendre et le croire qu'il ne jouit d'aucun pouvoir en Libye ; pas plus qu'il ne possède un sou, sinon sa «tente». Pour autant, ce chef de guerre sans pouvoir fait choisir son peuple et le monde occidental entre lui ou Al Qaîda… Eh oui, El Gueddafi a fini par s'emmêler les pinceaux à force de vouloir retrouver les bonnes grâce de l'Occident qui le fuit. Morceaux choisis d'une propagande aussi risible qu'illisible… «Moi ou Al Qaîda» ! «Quand il y a eu la confusion en Tunisie et en Egypte (…) Al Qaîda a donné instruction à ses cellules dormantes en Libye de faire surface (…) Les jeunes ne connaissaient pas Al Qaîda ni l'idéologie de cette organisation. Mais les membres de ces cellules vont jusqu'à leur donner des pilules hallucinogènes. (…) Aujourd'hui, ces jeunes ont pris goût à ces pilules et pensent que les mitraillettes sont comme une sorte de feu d'artifice.» «Il y aura un djihad islamique en face de vous, en Méditerranée (…) Les gens de Ben Laden viendront imposer des rançons sur terre et sur mer. On reviendra au temps de Barberousse, des pirates, des Ottomans qui imposaient des rançons sur les bateaux. Ce sera vraiment une crise mondiale et une catastrophe pour tout le monde.» Enquête internationale «Je voudrais qu'une équipe d'enquête des Nations unies ou de l'Union africaine se vienne ici, en Libye. Nous allons permettre à cette commission d'aller voir sur le terrain, sans aucune entrave.» «La France a de grands intérêts en Libye. Nous avons beaucoup travaillé avec M. Sarkozy, nous avons collaboré ensemble dans plusieurs dossiers, plusieurs causes. La France aurait dû être la première à envoyer une commission d'enquête. J'espère qu'elle changera son attitude à notre égard. (…) Que la France prenne vite la tête de la commission d'enquête, qu'elle bloque la résolution de l'ONU au Conseil de sécurité et qu'elle fasse arrêter les interventions étrangères dans la région de Benghazi.» El Gueddafi, un dirigeant au-dessus de tout «Chez nous, le pouvoir est au peuple. Nous n'avons pas de président qui démissionne, pas de Parlement à dissoudre, pas d'élection qu'on falsifie, pas de Constitution qu'on peut amender. Nous n'avons pas de réclamations de justice sociale, parce qu'ici, c'est le peuple qui décide. Moi, je n'ai pas de pouvoir comme en avaient Ben Ali et Hosni Moubarak.» Chantage à l'immigration «Le régime ici, en Libye, va bien. Il est stable. Je veux bien me faire comprendre : si on menace, si on déstabilise, on ira à la confusion, à Ben Laden, à des groupuscules armés. Voilà ce qui va arriver. Vous aurez l'immigration, des milliers de gens qui iront envahir l'Europe depuis la Libye. Et il n'y aura plus personne pour les arrêter. Vous brandissez le spectre de la menace islamique…» Les massacres ? Il s'en lave les mains «Je n'ai jamais tiré sur mon peuple ! Et vous ne croyez pas que le régime algérien depuis des années combat l'extrémisme islamiste en faisant usage de la force ! Et vous ne croyez pas que les Israéliens bombardent Ghaza et des victimes civiles à cause des groupes armés qui s'y trouvent ? Et en Afghanistan ou en Irak, vous ne savez pas que l'armée américaine fait régulièrement des victimes civiles ? Est-ce que l'OTAN en Afghanistan ne tire jamais sur des civils ? Ici, en Libye, on n'a tiré sur personne.» El Gueddafi n'a pas un seul dinar… «Je mets tout le monde au défi de prouver que j'ai un seul dinar à moi ! Ce blocage des avoirs, c'est une piraterie de plus imposée sur l'argent de l'Etat libyen. Ils veulent voler de l'argent à l'Etat libyen et ils mentent en disant que c'est l'argent du guide ! Là aussi, qu'il y ait une enquête pour montrer à qui appartient cet argent. Moi, je suis tranquille. Je n'ai que cette tente.»